Décidemment, le cinéma indépendant américain connaît une belle période. Après "Winter's Bone", "Drive" et "Take Shelter", voici le nouveau venu : Martha Marcy May Marlene.
Le réalisateur Sean Durkin s'attaque à un sujet rarement traité au cinéma ; la vie au sein d'une communauté sectaire et ses conséquences, faisant de son film une réflexion sur la quête d'identité et la paranoïa.

La mise en forme épouse parfaitement cette réflexion. Mélangeant les souvenirs, les rêves et la réalité à la faveur de raccords souvent bien sentis, le montage s'applique à exprimer la confusion extrême dans laquelle baigne l'héroïne principale, Martha.
Grâce à une structure parfaitement équilibrée, le montage permet au spectateur d'en apprendre chaque fois un peu plus sur son passé au sein de la communauté, révélant au passage la dangerosité croissante de ses anciens boureaux. C'est bien simple, plus on en apprend sur eux, plus la paranoïa et l'anxiété augmentent transformant le film en véritable montée en tension, aussi calme que terrifiante.
Autre détail de mise en scène qui m'a marqué, la façon dont Sean Durkin "coince" Martha dans l'image. En effet, durant tout le film, la caméra semble indépendante du mouvement des personnages, comme un cadre duquel ils ne peuvent s'échapper. L'exemple le plus frappant se situe lors d'un flashback où l'on voit Martha traversée le jardin. Le panoramique gauche droite qui décrit l'action n'est pas calé sur le pas de Martha qui semble devoir finir par sortir de l'image. Or, le cadre l'en empêche, métaphore d'une jeune femme qui ne peut échapper ni à son passé ni à son futur comme coincée entre deux réalités qu'elle a de plus en plus de mal à différencier sur le plan moral...
Etait-elle si mal au sein de cette "communauté", est-elle si bien au sein de sa "famille"...?

La confusion, parfaitement retranscrite par une Elizabeth Olsen très juste, est la source dans laquelle vient puiser la paranoïa naissante de l'héroïne. Paranoïa qui atteint son paroxisme lors du dernier plan qui en déroutera plus d'un. Finir son film ainsi demande une grande confiance en son travail. Une confiance aveugle dans le fait d'avoir transmis suffisament de cette paranoïa au spectateur pour que ce plan conserve tout son impact.

Mission accomplie, l'image de cet homme se précipitant à sa voiture n'est pas prête de quitter mon esprit...
Anyo
8
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le 23 juil. 2012

Modifiée

le 23 juil. 2012

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Anyo

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