Après Saint Ange (2004), Pascal Laugier partait au Québec signer un des films français les plus polémiques de ces vingt dernières années. Pour rappel, le film avait fait grandement parler de lui avant même sa sortie à cause de sa classification initiale (interdiction aux moins de 18 ans), entraînant ainsi des recours et manifestations qui ont mené à une interdiction moindre (interdiction aux moins de 16 ans avec avertissement). Ce qui n'a pas empêché le film de se planter comme tant d'autres films d'horreur français (91 236 entrées), faisant ainsi retomber le soufflet.
Ce qui n'a pas empêché Martyrs de se tailler une solide réputation au fil du temps, notamment à l'international. Inutile de dire qu'Hollywood n'a pas attendu trop longtemps pour en faire un remake (les frères Goetz, 2015), qui plus est avec le patron de l'horreur mécanique actuelle, à savoir Jason Blum. Lui-même reconnaît que son remake était tout pourri pour vous dire l'estime qu'il a d'un film où les réalisateurs se sont succédé.
Martyrs est un film difficile à regarder et il n'est pas à mettre devant tous les yeux tant l'on ressort de l'expérience groggy. Ce que montre Laugier ne plaira pas à tout le monde, notamment dans sa manière de montrer la violence. Mais Martyrs n'est pas qu'un film de vengeance ou un film trash parmi tant d'autres, à l'image du sinistre Frontière (s) (Xavier Gens, 2007). Sa réflexion sur le martyr est très intéressante et montre bien que Laugier ne fait pas du trash pour du trash. Il y a un fond que l'on adhère ou pas et c'est ce qui fait la différence.
Ensuite il y a toute la relation entre les personnages de Morjana Alaoui et Mylène Jampanoï. La complicité entre les deux actrices / personnages fonctionne à l'écran et même plus loin si l'on se fit à plusieurs passages (les deux femmes sont amoureuses l'une de l'autre). De même, les deux personnages vivent la même expérience, ce qui renforce la teneur mélancolique du film, intensifiée par l'excellente musique des frères Cortés.
Martyrs est donc un film qui fracasse autant qu'il émeut, marquant le spectateur durablement après le visionnage.