Si peu de films ont la faculté de marquer profondément, de s'immiscer dans la pensée pour y laisser leur trace, il est certain que Martyrs se place dans cette catégorie. Même après un troisième visionnage, les mêmes frissons, les mêmes malaises aux moments les plus dérangeants...
Bien que le scandale ayant eu lieu suite à la sortie du film, concernant la limite d'âge légale pour le voir, a eu tendance à attirer l'attention sur le côté trash du film, l’œuvre de Pascal Laugier ne saurait être catégorisée comme un énième film gore sans envergure et sans autre intérêt que celui de rincer l'oeil du spectateur qui veut voir de l'hémoglobine .
Non, c'est plus que ça. Martyrs suscite la réflexion par l'intermédiaire de plusieurs thèmes, parmi lesquels la vengeance, la culpabilité ou encore la cruauté dont est capable l'Homme. Il montre un aperçu des tréfonds de l'âme humaine, dont on ne ressort pas indemne. Certaines scènes sont extrêmement difficiles à regarder, voire même insoutenables, notamment vers le dénouement du film, mais soulignent le parti pris par le réalisateur et renforcent le côté viscéral et intense du film, qui après une première moitié suivant un schéma somme toute relativement classique, prend une autre dimension dans la seconde partie, beaucoup plus féroce, animale et écœurante.
Si le film arrive à convaincre, d'autre part, c'est grâce à la qualité du montage, qui alterne les passages énergiques, vifs où l'action est omniprésente, à des scènes beaucoup plus courtes qui laissent au spectateur le temps de digérer ce qu'il voit, et surtout au jeu des acteurs. En l’occurrence, le jeu des actrices, car ici c'est Morjana Alaoui et Mylène Jampanoï qui portent le film sur leurs épaules, chacune dans une partie du film. Leur prestation est brute, authentique, et terriblement réaliste, ce qui ne fait qu'augmenter le malaise lors du visionnage.
Que ce film plaise ou qu'il ne plaise pas, il ne laisse en tout cas pas indifférent : Laugier livre une oeuvre assez expérimentale, qui conduira le spectateur à développer sa propre réflexion sur le propos dont il est question, tout en profitant d'un vrai moment de cinéma

LadyBowie
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le 5 avr. 2015

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