Si l’on devait retenir Mary Poppins pour une raison majeure ce serait certainement pour ses qualités techniques capables de mêler, comme par magie, des acteurs et des décors studio avec l’animation image par image de sorte à générer de nouvelles textures, de nouvelles couleurs qui enrichirent le cinéma. Date dans le cinéma, Mary Poppins se pose aussi en regard sur la société bourgeoise de son temps et propose un semblant de mixité par ses amours avec un déclassé ou sa danse sur les toits avec les ramoneurs. Il n’empêche que la guimauve enlise l’ensemble dans une niaiserie ahurissante qui soit agit par rapport nostalgique soit donne envie de vomir. Pas une once de méchanceté, pas la moindre zone d’ombre, la plus petite remise en question, le plus minuscule égarement chez nos protagonistes principaux. Quand tout est mignon tout plein à quoi bon le mignon ? Œuvre esthétique dépourvue de contrastes, Mary Poppins est une bulle spéculative et merveilleuse qui jette des paillettes aux yeux et transporte le spectateur dans un univers qui ressemble au sien mais où les aspérités auraient été gommées ; là toute l’intelligence du propos s’effondre. C’est comme se rouler dans la neige : l’instant est magique, le retour à la réalité douloureux.