A mesure que Mary, servante dans la maison du Dr Jekyll, découvre la sombre maladie dont souffre son maître, elle s'enfonce également dans les sinistres souvenirs de sa propre enfance. La dualité permanente qui hante les protagonistes nous atteint inexorablement.

Mary, déchirée entre la peur d'en découvrir plus sur les agissements de son maître et de son alter ego et ses sentiments qui la poussent malgré elle à développer une relation complexe avec chacun d'entre eux. Tout comme elle s'est laissé martyriser lors de son enfance, elle se laisse aller à la proximité avec Mr Hyde qui, à bien des égards, lui rappelle la personnalité violente et sadique de son propre père, tandis que le Dr Jekyll, plus âgé, serait le symbole d'un père doux et au caractère mesuré qu'elle n'aurait jamais connu.

En parallèle, alors que la jeune servante est peu à peu entraîné dans un tourbillon d'évènements dont elle contrôle à peine les enchaînements, de même, le Docteur se laisse envahir par la maladie (trouble dépressif ? bipolaire ? borderline ?) et, par conséquent, à développer son remède, Mr Hyde, personnage sombre et séduisant à la fois, que nous-mêmes ne pouvons nous résoudre à haïr.

Comme ces deux (trois?) personnages torturés, incompris de leur entourage, nous sommes partagés entre la bonté et le mal, le jour et les tentations de la nuit, les sentiments et la sensualité. Les nombreuses métaphores et allégories présentes tout au long de l'histoire en font une œuvre passionnante à décrypter, tout comme le livre de Robert Louis Stevenson l'était en son temps.

A noter, la performance de John Malkovitch, excellent gentil-méchant et dont le physique particulier en fait tour à tour un personnage repoussant et séduisant.
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le 30 oct. 2010

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