Quel ennui!
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La réalisatrice saoudienne Haifaa Al Mansour qui avait fait ses preuves avec son premier film Wajda en 2013, revient cet été avec Mary Shelley, un biopic éponyme sur l’écrivaine de Frankenstein ou le Prométhée Moderne. L’action se déroule en 1814, lorsque la jeune Mary Wollstonecraft Godwin rencontre le poète Percy Shelley. Elle a seize ans, il en a vingt et un, plus une femme et un enfant. Qu’importe, ils fuient tous les deux ou presque, puisque la belle sœur de Mary les accompagne jusqu’au bout de leurs tourments. Les péripéties de leurs vies de couple d’artistes auxquelles s’ajoutent les carcans d’une société normée et traditionnelle font bouillonner la jeune Mary de tous les sentiments. La souffrance d’abord, la perte, puis l’abandon. Il en naît son premier roman gothique dont le film s’efforce de nous montrer qu’il s’agit avant tout d’une métaphore des souffrances de l’écrivaine. Le fameux du monstre du Docteur Frankenstein incarnerait-il ainsi les démons de sa véritable créatrice ?
Malgré toutes ses bonnes intentions, le film d’Al Mansour manque de vitalité. Bien qu’Elle Fanning, l’interprète de Mary Shelley, se défende avec la fougue qu’on lui connaît déjà, cette proposition filmique reste sans âme. Comme souvent, la bande annonce nous aura tout dévoilé, avec seulement plus d’intensité. Au titre des reproches, les dialogues souvent creux et la construction bancale de la trame scénaristique sont les éléments qui desservent le plus ce biopic, ou bien le fait que l’on puisse voir à l’écran les lentilles de contact de l’actrice, un anachronisme non désiré qui nous fait sortir de la fiction et nous ramène aussitôt en 2018.
Cependant, il ne faut pas nier l’intérêt didactique et factuel du film, de l’ordre d’un cours d’histoire bien documenté. On y retrouve les difficultés pour une jeune femme d’exprimer ses opinions et ses désirs. Mary Shelley se bat pour la reconnaissance de son travail, même lorsqu’il s’agit de publier l’œuvre à son nom. Le discours féministe très, voire trop appuyé, de ce film fait aussi écho aux combats personnels de la réalisatrice, première femme saoudienne réalisatrice dans son pays. Ainsi, si le film manque de fureur, il a au moins le mérite d’avoir traité son sujet avec une réalisation honnête.
Critique initialement publiée sur le site : http://cinematogrill.fr/mary-shelley/
Créée
le 14 août 2018
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