Je l'ai revu récemment, et bon j'ai quand même été très injuste envers ce film. Au premier visionnage je n'ai pas été convaincu par l'ambiance ni par quoi que ce soit si ce n'est son refus du gore, ce qui est particulièrement appréciable. Par contre là bizarrement à la deuxième vision j'ai été davantage pris au jeu et j'ai vraiment apprécié cette fois-ci ce film que je trouvais moyen à la base. (La critique qui suit dévoile en partie l'intrigue)

Je commence par le commencement, à savoir l'intro. Mais bon Dieu, comment aies-je pu zapper le génie de cette introduction? Elle est tout simplement géniale et malsaine à souhait. Un écran noir, entrecoupé toutes les 5-10 secondes par des flashs où l'on voit des morceaux de cadavres sans oublier ces craquements, bruits de découpage intervenant par fragments et enfin ce dézoomage sur le cadavre bien décomposé d'un être humain. Brrrrh, on est pas terrifiés à ce moment du film mais bien mal à l'aise. Ce sera le sentiment principal ressenti durant le film.
Je ne raconterais pas le film en détails mais en tout cas je parlerais d'une chose, c'est l'intelligence de la mise en scène. Tobe Hooper avec un budget de pacotille prouve bien plus que des réalisateurs actuels avec un budget pharanoique. Hooper base tout sur l'ambiance et refuse continuellement le gore où le déchainement de violence physique à de rares scènes près. Les scènes en extérieur dans la journée sont soignées, malgré une pellicule vieillie. Il y a de très beaux plans et globalement un éclairage naturel très appréciable pour la rétine. Mais ce qui est génial c'est que ces belles scènes extérieures sont en contradiction totale avec les scènes à l'intérieur de la maison du LeatherFace. Quand on rentre dans la maison avec les personnages, on bascule dans un autre monde. Macabre, oppressant, sale et particulièrement angoissant. Ces transitions sont brutales, elles marquent particulièrement bien le fait qu'on change d'endroit, on passe de la réalité au cauchemar où règne une folie imperceptible au premier abord, une folie des plus terrifiantes.
Le premier meurtre se fait désirer. Avant ça on a eu le droit à de la "prévention" avec ce barjo recueilli par le groupe de jeunes, qui expliquait avec un malin plaisir comment tuer des vaches et qui se montrait menaçant par la suite en blessant l'handicapé. A part cette menace préventive il n'y avait rien pendant 30 minutes.
Et soudain quand le premier personnage rentre dans la maison pour demander de l'essence, on y voit enfin l'apparition du leatherface. Son coup de marteau nous vient directement dans la gueule, il ne se passait rien et là tout d'un coup bam! Ah et puis voir ce corps convulser suite au coup de marteau pris dans le crâne c'est quelque chose.
Encore une fois je souligne l'intelligence de la mise en scène. On ne filme pas en gros plan la blessure pour faire bander les amateurs d'hémoglobine, mais on filme un corps en train de convulser. On est pas dans le plaisir malsain de voir des gerbes de sang mais plutôt dans le malaise suite à cette violence physique brève mais intense.
Le titre Massacre à la tronçonneuse est judicieux. Seul un personnage meurt de la tronçonneuse, mais celle-ci constitue aussi la seule "musique" du film. Le seul fond sonore accompagné des cris, la tronçonneuse est la menace qui accentue cette peur viscérale ressentie par la seule rescapée.

Je souligne encore une fois l'intelligence de Hooper de ne pas nous mettre une bonne grosse musique à chaque apparition du leatherface comme le font les productions horrifiques lambda de nos jours. la peur vient d'elle même, même si c'est le malaise qui prédomine plutôt dans le film. Bon j'ai quand même noté des défauts mais qui tiennent plus du détail. On fera l'impasse sur le scénario simpliste mais difficile de ne pas juger les acteurs. Certes ils sont amateurs mais par moments ils n'y croient pas, comme lorsque le barjo (lui par contre est très bon) s'automutile dans la voiture. Ils manquent d'authenticité. Après viennent des défauts tenant plus du détail, certaines scènes vieillissent pas trop bien, comme des sauts presque sans élan vers des fenêtres qui cassent facilement ( essayer de faire pareil et vous choperez surtout un bon gros bleu), des cris parfois pas trop naturels ( Crescendo, Decrescendo, ils tiennent parfois plus de l'opéra que de l'instinctif) ou des passages cons où le leatherface attaque la porte à la tronçonneuse alors qu'il suffit d'une pichenette pour l'ouvrir ( Il a beau être con mais là quand même n'abusons pas).

Bon faisons l'impasse sur ces défauts, je voudrais revenir sur le passage marquant, bien sûr c'est la scène du dîner. Il serait hasardeux de la commenter, il faut la ressentir. Déjà voir le leatherface, la menace principale depuis le début, ravalé au rang de sous-fifre, battu par son père et brimé par son frère c'est énorme. Le grand tueur, la grande menace devient moins que rien, faible et on en aurait presque pitié, encore un détail de génie de monsieur Hooper.
Mais ce dîner, ces gros plans, très gros plans. Ce grand-père... Brrrh, c'est quand même quelque chose, qu'est-ce qu'on se sent mal!

J'ai donc un avis très positif maintenant de The Thexas Chain saw Massacre. Le génie de la mise en scène et l'ambiance travaillée me sont passés par-dessus la tête au premier visionnage et je ne regrette pas ce second qui m'a permis de beaucoup aimer et de reconsidérer ma position vis-à-vis du film. Un film d'horreur fauché et parfois maladroit mais qui fait preuve d'une réelle intelligence.
Moorhuhn
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le 21 avr. 2012

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