Pour le coup, je ne m'attendais pas à un truc comme ça. Pour vous le dire très franchement, même après 40 minutes de film, je ne m'attendais toujours pas à un truc comme ça. (Notons quelques spoilers discrets dans cette critique.)


Bon, passons l'introduction relativement bien foutue et entamons le cœur du sujet. Le premier tiers du film est un alignement en règle de tous les clichés des slashers. La bande de con insupportable, la maison isolée, le "Oh si j'allais faire un tour tout seul là-bas ?" et j'en passe. C'est donc une formule efficace, divertissante et qui se regarde sans trop réfléchir, parce qu'on attend quand même avec impatience le moment où toutes ces têtes à claques se feront dégommer. Je n'attendais globalement rien du film.

Puis le second tiers arrive avec une aura particulière. Un peu comme lorsque vous visitez un musée ou que vous lisez un livre très très ancien dont toutes les références sont ancrés dans la culture populaire, je ne dirais pas que Massacre à la Tronconneuse vaut Œdipe Roi de Sophocle, mais quand même, ça m'a fait le même effet de rencontrer Leatherface pour de vrai, l'original, l'unique, de le voir empaler sa première victime, et puis de poursuivre frénétiquement Sally avec sa grosse tronconneuse. Bon niveau horreur vous me direz, on repassera. Ici, le film me faisait rire, parce que quand même, ce gros balourd de Leatherface !..

Et enfin, le dernier tiers du film. Le choc. Je suis resté scotché devant mon écran. La scène du repas est une scène d'anthologie. Tout y est malsain, tout ! Tout ! le contexte, le grand-père, la domination patriarcale, les rires, le décor, tout ! Tout ! Je pouvais m'attendre à tout sauf à ce genre de délire surréaliste malsain cynique et noir maîtrisé de bout en bout. C'est d'une absurdité quasi-Kafkaienne... Massacre à la tronconneuse a beau s'enfoncer dans certains clichés, il échappe très bien au "tueur qui explique son plan pendant trois plombe avant de se faire tuer" pour la très bonne raison suivante : il n'y a pas de plan. Il n'est question que de pure tradition familiale, puis Leatherface a tué ses première victimes plus par peur qu'autre chose. Hooper arrive alors à glisser un message social comme ça. Tranquillement.

Ici, je me refais un point sur le film, je repense à toutes les scènes, la montée en puissance du glauque, l'ambiance surréaliste et crasseuse sans tomber dans l'obscène et je me dis "Mais en fait, c'est un putain de bon film."
Erw
8
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le 14 août 2014

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Erw

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