40 ans plus tard sa réalisation, une version restaurée de ce classique du cinéma d'horreur, ressort sur quelques écrans français. L'occasion de le voir sur grand écran est trop tentante, même si le visionnage sur mon petit écran, ne fût pas un grand souvenir.

Pour apprécier le film, il faut se remettre dans le contexte de l'époque et faire abstraction de tout les slashers movies vu auparavant. Ce n'est pas évident, mais face au père de ce genre, on se doit de faire un devoir de mémoire.
Le générique avec ses flashs marque déjà la rétine, l'effet est efficace dans l'obscurité d'une salle de cinéma, tout comme ce squelette posé sur la stèle d'une tombe, éclairé par le soleil étouffant du Texas. L'ambiance est posée en quelques images.
On se retrouve dans un van, ou cinq jeunes écoutent la radio ne diffusant que des nouvelles sombres, accentuant la noirceur de ce monde et du film. Ils sont en route pour un cimetière profané, ou le grand-père de l'une d'eux et de son frère handicapé, est enterré. Le soleil est à son zénith, il tape fort, les gouttes de sueur et les chemises sont trempées, on suffoque. Au cimetière, un homme ivre enfoncé dans un pneu, les interpelle en les prévenant sur le mal qui sévit en ces lieux. Nous sommes dans le Texas profond, ils ont tous des gueules et nos cinq jeunes vont commettre leur première erreur, en prenant un auto-stoppeur.
La conversation mettait déjà mal à l'aise. Elle portait sur l'abattoir, sur comment exécuter les vaches, auparavant au marteau, mais maintenant au pistolet, c'est plus humain. Le frère handicapé en débat avec l'auto-stoppeur, à l'aspect suspect, aux manières légèrement hystériques, avant qu'il fasse preuve de folie en s'ouvrant la main avec un couteau. Le malaise est profond, les femmes sont écœurés et les hommes impuissants, face à ce fou. Ils réussissent à l'éjecter du van, mais leur destin semble scellé. Ils viennent de mettre un pied dans la folie qui règne en ces lieux et malgré un nouvel avertissement, donné par un garagiste, ils vont se retrouver entre les mains des frères Sawyer.

Ce qui frappe d'abord, devant ce film, c'est sa réalisation. Elle est souvent pauvre ou quelconque dans ce genre de films, mais Tobe Hooper, fait preuve d'un énorme travail visuel. Malgré un budget dérisoire de 83 500$, il démontre toute son ingéniosité, dans ce qui sera son chef d'oeuvre.
La plan d'ouverture était déjà une réussite, d'autres vont suivre, comme ce travelling sur la maison des Sawyer, ou cette plongée dans leur antre, avec cette violence sourde, qui frappe quand on ne s'y attend pas, tout en se faisant rare. Les effets sont réussis, c'est brut et furtif.
Leatherface est impressionnant, usant plus de son marteau, que de sa tronçonneuse. Celle-ci ne servant finalement que lors d'une course poursuite nocturne épouvantable, avec la victime s'époumonant tout le long et ne faisant plus que cela jusqu'à la fin, devenant pénible. C'est l'énorme bémol du film, l'hystérie exagérée de celle-ci, encore plus accentuée avec ce repas avec les trois frères Sawyer. Pire encore, c'est le grand-père, au maquillage risible, avec cette scène longue du marteau. Tobe Hooper ne faisant pas preuve de retenue, en zoomant sur les visages de chacun, pour rendre encore plus hystérique, un ensemble qui était déjà au bord de la crise.
La sobriété des débuts, se perd dans une surenchère grand guignolesque. Le malaise est toujours palpable, face à cette jeune femme torturée par cette bande de psychopathes, mais il est surtout par l'étirement de cette scène, qui semble interminable et plombe l'atmosphère angoissante instaurée auparavant. Le final est sauvé par son dernier plan, Tobe Hooper étant visiblement pas à l'aise, quand l'action s'emballe, la rendant proche du ridicule.

Malgré tout, le film reste efficace et pose les bases des films d'horreur à venir. Leatherface devenant une icone, comme ceux qui vont suivre ses traces : Michael Myers, Freddy Krueger et Jason Voorhees. A la différence de ceux-ci, que l'histoire est inspirée de faits réels et plus précisément d'Ed Gein, qui fût déjà une source d'inspiration pour Alfred Hitchock dans "Psychose". Les deux personnages sont différents, Norman Bates vivant dans l'ombre d'une mère possessive et castratrice, alors que dans la famille Sawyer, la mère est absente. Ed Gein est une source d'inspiration inépuisable, on le retrouve dans les classiques "Maniac" 1980 de William Lustig et "Le silence des agneaux" 1991 de Jonathan Demme.

Malgré le temps, le film reste efficace et surprend encore dans ses scènes de violence, tout comme dans sa réalisation. Il se doit d'être vu pour tout amateur de slashers movies, c'est comme la visite d'un musée ou l'on découvre les bases de la civilisation. Ici, ce sont les bases d'un genre qui sont mis en place, d'un art moins reconnu dans le monde du cinéma, mais qui reste un de ces plus grands pourvoyeurs de frissons.
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le 6 nov. 2014

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Laurent Doe

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