Un merveilleux Texas

Inspiré d'un fait divers sordide de tueurs red- necks massacrant les passants dans un coin reculé au texas, Tobe Hooper s'empare de cette histoire pour donner un des meilleurs films d'horreur de l'histoire du cinéma, si ce n'est le meilleur.
Tout a été dit sur ce film controversé depuis sa sortie : son tournage dantesque où The Revenant passerait pour une petite tache, les acteurs à bout nerveusement (l'acteur jouant le tueur Leatherface ne travaillant jamais avec eux, ce qui augmentait la peur des "victimes"), un Tobe Hooper tyrannique, une nouvelle scream queen nommé Marliyn Burns qui ne fera plus jamais de film, un Gunnar Hansen absorbé par son rôle qu'il a failli tomber dans la pure folie, son impact au cinéma avec ses interdictions totales aux US et en France, son ambiance post- hippie unique, ses paysages durs et secs d'un Texas d'un autre monde, son apport à la culture pop, son propos typiquement seventies...
Bref, Massacre à la tronçonneuse a décapité tout le genre en un film, a marqué de son empreinte l'horreur, a soufflé tel un ouragan sur les festivals et autres projections où de nombreux spectateurs se sont évanouis. Après l'Exorciste qui avait eu un énorme succès, Massacre à la tronçonneuse s'impose avec les années comme un mythe par ses nombreuses histoires qui le concerne, un film d'anthologie, et un passage obligé pour tout cinéphile qui se respecte en terme d'épouvante.

Massacre à la tronçonneuse est ambitieux, est fou, est contemplatif, est étouffant : il suffit d'un générique surpuissant et magnifique pour rentrer dans l'univers de cette franchise, aussi délirante qu'effrayante. Pourtant, tout est suggéré à l'écran et il a été interdit pendant de nombreuses années, c'est dire la puissance de l'image et de la réalisation à la fois fluide et froide, superbe et tremblante de Hooper !
Difficile de voir quel autre film a eu un tel apport dans le film de genre, Massacre à la tronçonneuse est le 2001 de l'horreur. Un grand huit horrifiant, génial, fantastique, pour un final légendaire : la scène du repas est un condensé parfait entre une drôlerie inquiétante et l'horreur pure, toutes les émotions, de la peur jusqu'au rire, passent et sont parfaitement retranscrits par les acteurs, le cadrage, la lumière et les décors macabre au possible.
Un tour de force avec quelques dollars : une tronçonneuse qui officie comme bande- son inoubliable, des acteurs impliqués comme jamais, une photographie grandiose, une réalisation purement jubilatoire pour une photographie impeccable, des décors d'une Amérique profonde, fascinante, obsédante, la retranscription d'une époque sauvage, "western" moderne et psychédélique où les gens finissent par se tuer pour avoir une raison de vivre...
Un des rares films où la rage de vivre et les pulsions sont à vif, mis à nus, où l'art et la fiction se rejoignent pour donner un Texas vide de sens, qui a ses propres règles et sa propre tribu, où l'homme s'est transformé en animal. S'il y a des films bien plus violents aujourd'hui, Massacre à la tronçonneuse est un sommet horrifique indispensable et à couper le souffle des seventies, un choc pour votre rétine de spectateur, qui a bousculé tout le cinéma en général et a inventé le slasher. Rien que ça.

Je crois bien que s'il y a un chef d'oeuvre dans l'horreur, c'est bien celui- là. Une véritable expérience cinématographique.