A la manière de Sam Raimi et de ses Evil Dead, le géniteur d'un film culte souhaitant élever sa progéniture lui-même se doit de ne pas réutiliser les mêmes ingrédients qui en avaient fait le succès. En effet, si une suite veut ne pas tomber aux oubliettes, il lui faut être complètement différente. Si le créateur original est aux manettes alors on lui pardonne tout, car lui seul connait son univers et, tel un livre saint, on suit ses paroles à la lettre.


The Texas Chainsaw Massacre II ne vaut pas son prédécesseur même si ils sont finalement incomparables. Le second volet de cette franchise quarantenaire et inégale n'aborde pas la suite de l'histoire de la famille Sawyer avec le sérieux et le réalisme qui lui avait valu son succès, mais avec beaucoup plus d'humour. Selon Tobe Hooper, ce ton comique était envisagé et même présent dans le TCM premier du nom, mais le dégoût qu'il provoqua occulta totalement les vaines tentatives burlesques. Il se rattrape donc à sa manière dans celui-ci et le résultat est plutôt pas mal même si le malsain n'est plus la priorité. Bien que le côté humoristique soit visible, le film n'est pas à proprement parler drôle. Il est assez grand-guignolesque car Leatherface est maladroit (enfin plus que dans l'original), le shérif incarné par Dennis Hopper est totalement déjanté et Hooper fait revenir le Grandpa alors âgé de 107 ans, mais étrangement plus vigoureux que la dernière fois... Le film apporte plus de profondeur au personnage de Leatherface en le faisant tomber "amoureux" de sa captive (à la King Kong grosso modo) mais l'utilisation des guillemets me permet de ne pas non plus trop humaniser Bubba, son vrai prénom, car la métaphore phallique et les allusions au viol nous font douter des intentions de l'homme au masque de cuir. Le film est somme toute très décalé et possède une atmosphère très différente de l'original, évitant ainsi de copier l'oeuvre originale et d'enterrer la saga trop vite par lassitude des spectateurs de se voir resservir le même repas.


Malgré des différences notables et la quasi impossibilité de comparer les deux œuvres, des défauts persistent rendant ce volet moins bon. Premièrement le côté massacre est laissé de côté, il ne s'agit même pas d'un slasher car il n'y a que deux victimes dont une qui n'est même pas "slashée". Certes celui de 1974 ne proposait aucune effusion de sang mais le body-count était plus élevé. Et c'est là aussi où le film n'arrive pas à se situer dans la mesure où le gore y est plus présent mais tout de même trop absent car, avec Savini aux effets spéciaux, et en 1986, on aurait aimé voir plus de tripes. Bien que destinés à être tronçonnés, les décors de ce film sont trop cheap et les poutres de la mine ne duperont personne quant à leur solidité. Halloween de John Carpenter nous a montré qu'on ne tue jamais le boogey-man mais parfois cela devient grotesque. Lorsque Chop-Top défonce le crâne de L.G., le collègue de notre héroïne, puis que Leatherface lui ôte la peau du visage et une partie du ventre pour s'engueniller, cela surprendra tout le monde de voir ledit LG se relever pour prononcer ses dernières paroles... puis enfin lorsque Chop-Top se fait électrocuter (par conséquent électriser) le cerveau avec une lampe et que cela ne l'empêche pas de courir après notre demoiselle en détresse, on approche du ridicule. Pour conclure, une mention spéciale à Leatherface qui est beaucoup moins terrifiant et grandiose que celui campé par Gunnar Hansen, moins grand, moins gros, moins tout. Le film plante le dernier clou lorsque Stretch tente un hommage à la dance finale de Leatherface, filmée sans le contre jour caractéristique, en plan large, et bien-sûr sans son panache.

AlexisVantilcke
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le 10 août 2017

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