On touche ici à un film un peu controversé au sein de la saga, car hybride entre deux styles radicalement opposes (l’atmosphère glauque du remake et le torture porn sanglant), et qu’il ne recèle absolument aucune surprise. C’est typiquement l’exemple du film de producteur, commandé pour exploiter le filon rouvert par le remake, prenant du coup des allures de préquel pour appâter encore plus de monde. Mais c’est aussi un prolongement du remake, qui se lâche bien plus dans son ambiance, qui revient pour le coup à une certaine folie, qui n’égalera jamais le dixième de la puissance de Hooper, mais qui a le mérite de marquer. Sur le terrain de la préquel, on est d’ailleurs proche du travail d’artisans, le nombre de détails foisonnant et recoupant de nombreuses fois ce qu’on a pu voir dans le remake (les dents de Hoytt, les jambes du grand père, les griffures d’ongle sur les murs…). Une profusion de clins d’œil qui vient flatter la mémoire ou éclaircir le sujet. Cette scène d’amputation est d’ailleurs assez intéressante, car en plus de nous donner une explication sur les origines d’un personnage, on renoue avec la folie macabre des originaux en filmant du gore avec un second degré humoristique particulièrement présent. Événement lui aussi intéressant, le bizutage des futures jeunes recrues par un R Lee Ermey leur racontant des anecdotes de la guerre de Corée, rappelant le discours acide à l’encontre des conflits dans Massacre à la tronçonneuse 2. R Lee Ermey ayant fait son service militaire au Viet Nam, la scène prend alors une teinte particulière. Après, c’est comme dit précédemment, aucune surprise pendant toute l’histoire. Les personnages secondaires sont éliminés avec plus ou moins d’impact, et les mort de nos quatre personnages centraux sont assez dramatisée. Néanmoins, le souci du film à propos de Leatherface se révèle être l'exploitation totale avec laquelle il est traité. Si sa naissance se fait d’une façon bien dégueulasse (trop rentre dedans pour un début), son enfance est plutôt réussie, avec notamment un certain lien avec les animaux morts, dans lesquels il se découpe des fragments de peau pour s’en faire des masques. A l’abattoir, Leatherface est très convaincant en boucher, et son premier meurtre est impressionnant. Seulement… Pourquoi prend-t-il la tronçonneuse l’instant d’après ? Il n’y a aucune explication à ce sujet, aucune raison particulière pour qu’il devienne un manique de l’engin en question. Mais les lois de l'exploitation zappent ce genre de détail, voulant nous entraîner directement en coeur de l'action plutôt que de soigner leur univers. Parlons maintenant du gore. L’histoire se retenait vraiment jusqu’à l’arrivée du motard, mais après, c’est l’orgie sanglante. Le motard en prend pour son grade, mais si R Lee Ermey parvient bien à créer le second degré par ses tirades hallucinées, la scène n’impressionne pas outre mesure. Un peu de sang sur le sol, mais rien de plus. Et 5 minutes plus tard, une véritable orgie sanglante avec du bide tronçonné en plein cadre, et de la découpe de visage en gros plan. Impressionnant, mais un peu en rupture du ton avec le reste du récit, le gore qui tâche ne parvenant jamais totalement à donner l’illusion du malsain. Car l'exploitation ne dose pas ses effets.

En revanche, tout le monde tape sur cette fin, attendue, bateau et nihiliste… Heu… Les gars, dans tous les massacres à la tronçonneuse, la fin reste, dans une certaine mesure, positive en accordant la survie à une personne ou plus. C’est la première fois qu’ils nous font le coup, un peu de respect pour cette innovation dans l’esprit de la saga. Certes, elle est le reflet de la tendance du cinéma d’horreur américain actuel, qui a tendance à se radicaliser et à ne faire que dans un registre. Ce registre là ne prête pas à rire, mais il est cohérent avec l’histoire de Texas Chainsaw massacre : ce sont les premiers d’une série de 33 personnes, on voit mal comment ils s’en seraient sortis. D’ailleurs, il est intéressant de noter que Massacre à la tronçonneuse au commencement est une œuvre assez hétérogène, qui mélange les ambiances et qui radicalise son propos sur la guerre du viet nam (les jeunes recrus vivant leur enfer sur le sol américain), une opinion un peu engagée quand même quand on sait que Jonathan Liebesman nous pondra pas la suite la purge qu’est Battle Los Angeles. Ce préquel atteint donc largement le niveau du remake, quitte à manquer parfois d’un peu de cohérence (la femme au thé ne sert strictement à rien d’autre qu’à assurer la continuité avec le remake), en tentant de retrouver la folie des premiers opus. Louable tentative, qui restera dans les mémoire comme un revirement réussi de la saga dans l'exploitation, et l'un des plus gros films gores jamais produits par Hollywood (comme quoi, Michael Bay fait parfois bien les choses). En bref, l'un des meilleurs avec le second opus.

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le 14 août 2014

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Voracinéphile

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