Surfant naturellement sur la mode des slashers du tout début des années 80, le jeune Robert Hiltzik trouve 350,000$ et part tourner son premier film à l'endroit-même où il passa ses vacances étant gamin. Refonte opportuniste de Vendredi 13 où de jeunes campeurs se font zigouiller les uns après les autres par un mystérieux tueur dans l'ombre, Massacre au camp d'été peut aujourd'hui paraître risible, mal fichu et pas très gore. Mais re-contextualisons...
Film d'horreur fauché, sans star (si ce n'est la petite présence de Robert Earl Jones et Mike Kellin dans son dernier rôle) ni gros moyens, écrit et réalisé par un arriviste sans bagages, dans une époque où le slasher faisait encore ses preuves... Pas vraiment de scènes choc, elles sont quasiment toutes filmées hors champ et nous ne découvrons les cadavres sanguinolents qu'en même temps que les protagonistes. Pour autant, les meurtres le plus souvent maquillés en accidents restent graphiquement originaux et imposants, les maquillages orchestrés par Edward French (futur grand nom de la profession qui s'occupera notamment de Terminator 2, Star Trek 6 ou encore Hellraiser 4) ayant certes vieilli mais conservant tout de même un certain savoir-faire.
Plus centré dans son ensemble sur les agissements cruels des adolescents au début des années 80, le film possède toutefois constamment une atmosphère pesante, macabre, confinant au malaise, surtout lorsque Hiltzik filme le regard perdu de la jeune Felissa Rose. Et puis il y a forcément ce twist final dérangeant qui reste gravé sur la rétine, qui questionne malgré sa légère prévisibilité, qui retourne l'estomac. En somme, moins un slasher réussi qu'un bon film de mœurs, Massacre au camp d'été n'a rien du chef-d’œuvre du genre mais arrive avec une certaine naïveté et une intelligence rare (à prendre avec des pincettes, le film reste un slasher mal interprété) à se hisser en haut du panier.