Cette critique ne contient aucun spoiler
J'adorais les slashers : initié par scream, j'ai maté l'ensemble des productions classiques l'ayant précédé et des suites plus ou moins heureuses sorties dans sa foulée.
Et puis après, j'ai terminé ma puberté et plus ou moins oublié le genre.
Si j'ai regardé ce "massacre au camp d'été" - apparemment auréolé d'un joli petit succès underground - c'est pour m'être fait vendre la fin comme un twist assez inoubliable. Mais je vais y revenir.
Le film reprend tous les codes des slashers eighties, personnages insupportables qu'on espère voir mourir de façon aussi crade que fun, acteurs probablement recrutés par petites annonces dans des supermarchés (exception faite de l'héroïne qui se débrouille honorablement et de "Tante Martha" qui cabotine plutôt efficacement), réalisation plate...
Il se dégage de l'ensemble un parfum assez nanardesque qu'on doit surtout au fait que le film a très mal vieilli et que les meurtres sont, pour rester sympa, plus proches d'un tex avery que d'un film d'horreur, quand ils ne sont pas juste basiques et inintéressants. En fait, "Sleepaway camp" pourrait presque être une comédie horrifique à regarder au troisième degré. Voire au cinquième.
Comme je l'avoue, je ne suis plus tellement public pour ce genre de chose, je me suis ennuyé, tiré de ma somnolence par les meurtres, jusqu'au fameux final. Comme j'avais grillé l'identité du tueur après vingt minutes de bobine, je dormais encore lorsqu'il est survenu.
Pour faire une analogie, imaginez-vous mater une mauvaise copie de tex avery, avec le cerveau en pilotage automatique, et voir subitement Norman Bates s'afficher à coup de flash sur l'écran, vous fixer sourire aux lèvres, en gros plan. Puis que l'image se fige avant de basculer sur les crédits. Vous vous demanderiez bordel ce qui vient de se passer, avec une diffuse impression de malaise.
Si Robert Hiltzik est à des années-lumière de Hitchcock et que du point de vue réalisation, cette scène finale est franchement cheap, son côté brutal, inattendu lui confère quelque chose de sulfureux, comme un basculement soudain, trente secondes à peine avant que le film ne se termine. Un bête coup de bluff, mais qui explique plutôt bien l'aura de ce métrage très moyen.
"Sleepaway Camp" est un énième slasher des années 80, sans identité, sans beaucoup d'intérêt, sans interprète réellement notable (si on omet cette chère tante Martha lors de la dernière minute), qui repose uniquement sur le coup de poker final, dont l'effet doit moins à la surprise (même si la révélation finale est plutôt inattendue, à la limite du capillotractée) qu'à sa dernière scène, qui laisse durablement une impression plutôt dérangeante. Si elle fait mouche, bien entendu.