Matango
6.4
Matango

Film de Ishirô Honda (1963)

De Ishiro Honda, je connaissais les films de Kaiju. Des films qui, selon les époques, oscillent entre l'horreur (le Godzilla d'origine), la SF (Invasion Planète X), ou l'aventure (Les Envahisseurs de l'Espace), souvent porteurs de messages ou emprunts d'une vision désenchantée de l'humanité (Mothra), et où les Kaijus ne sont même pas toujours nécessaires (Ataragon). Il y a aussi la période Akira Kurosawa, mais c'est une autre histoire. Matango est différent, pour au moins une raison : ici, pas de monstre venu de l'espace ou sorti du fond des âges ; par contre, nous retrouvons son pessimisme et des humains loin d'être irréprochables.

Le film s'ouvre sur une parodie de comédie américaine, avec un groupe de gens beaux / intelligents / riches / célèbres (rayez la mention inutile), naviguant gaiement à bord d'un yacht sur une mer d'huile, et n'hésitant pas à pousser la chansonnette. La situation se gâte lorsqu'une tempête se déchaine, et endommage non seulement l'embarcation mais aussi les moyens de communication. Le groupe pense trouver son salut au bout de plusieurs jours, en apercevant une île sur laquelle ils décident d'accoster. Mais sur place, ils ne trouvent pas grand chose si ce n'est un point d'eau, une épave qui leur servira de refuge, et surtout une quantité impressionnante de champignons.

Matango est un film sur la survie, la volonté humaine, et les paradis artificiels, le tout sur une assise fantastique qui se dévoile au fur et à mesure. Le mélange fonctionne à la perfection. Dans un premier temps, nous sommes invités à suivre la vie des naufragés, jusqu'à ce naissent d'inévitables tensions entre eux. Situation qui aurait pu suffire dans nombre de films, mais le scénariste a l'intelligence d'incorporer un élément fantastique qui apporte une dose d'horreur du meilleur effet, et permet au réalisateur de développer plusieurs pistes de réflexions autour de ses personnages. Le tout pour aboutir à une séquence finale en forme de bad trip, mais plus réaliste et moins kitsch que ce que à quoi Ishiro Honda a pu nous habituer par le passé. Le seul reproche que nous pouvons lui faire, d'un point de vue formel, est un montage parfois chaotique et à travers lui des scènes qui sautent parfois du coq à l'âne ; rien de bien grave, mais dommage quand même. Par contre, le rythme est parfaitement géré, dans le sens où l'arrivée tardive de l'aspect fantastique du scénario est parfaitement compensé par l'évolution des personnages et leurs aventures.

Matango n'est pas la meilleure réalisation de Honda ; je garde une préférence pour Godzilla, Mothra, et Ataragon. Mais avec ce film, il nous prouve - pour peu que nous en aurions douté - qu'il n'est décidément pas seulement l'homme des Kaijus, des destructions de Tokyo, et des peuplades primitives perdues dans des archipels du Pacifique. Il peut faire sans, et de fort belle manière.
Ninesisters

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