Regardez la petite lumière rouge
[WARNING : SPOILERS INSIDE]
Voilà mon ami, vous venez d'oublier Matrix Reloaded.
Avant que vous n'occultiez mon existence même, je vais rapidement vous expliquer pourquoi cela rendra votre vie meilleure.
Pourquoi Matrix, cela restera maintenant pour vous ce que cela aurait dû rester : un film et non une trilogie.
Parce que Matrix deuxième du nom, c'est une aberration.
Oh le premier n'était pas exempt de critique, même si dans ma conception des choses il s'approche de la perfection comme en atteste la note que je lui ai conférée.
Mais là tout de même...
Tenez, prenez la rave partouze que l'on subit quelques minutes après le début du film, et qui m'a valu de m'enfoncer, consterné, dans le siège du cinéma.
Je n'ai rien contre les corps luisants de sueur de Neo et Trinity.
Non pas que Keanu Reeves se soit départi de sa mono-expression faciale pour autant, notez bien. Trinity ça doit pas être un super coup.
Mais, pour important que soit l'évènement de la conception d'un petit élu junior, était-il bien nécessaire d'en faire des caisses ?
Était-il judicieux, en outre, d'alterner ces plans avec cette rave ridicule, où des humains crasseux et lubriques se frottent sur de l'électro de merde ?
Je ne sais pas, un manque d'inspiration.
Peut-être un clin d'oeil maladroit à la rencontre Neo-Trinity du premier film, qui se déroule dans une boîte de nuit avec de l'électro.
À la différence que la scène originelle a le mérite d'être esthétique, de suivre une trame relativement originale (le concept du lapin blanc), et que l'électro en question est quand même d'une qualité toute autre.
Et bêtement, elle avait le goût de la nouveauté. Ce qui n'est par définition pas le cas dans une suite.
Bref, remettre en jeu les mêmes ingrédients pour leur symbolique premier accouplement que pour leur première rencontre, pourquoi pas.
Mais peut-être un peu plus de subtilité ?
Toujours est-il que si cette scène réussit quelque chose, je ne vois pas quoi, et en tout cas pas à nous donner envie de sauver le monde réel et l'humanité, si c'est pour qu'elle en fasse ça.
Prenez maintenant la scène emblématique du combat contre les Smith.
Quelques effets sympathiques, mais sur la globalité un goût d'inachevé.
Voir Neo "courir" sur le cercle d'ennemis fera certes son petit effet, mais d'une part le réalisme des combats qu'on pouvait retrouver dans le premier épisode (hormis le fait qu'ils défient la gravité, s'entend) disparaît ici.
D'autre part, comme dans un mauvais jeu vidéo, les ennemis s'approchent un par un, attendant sagement que le précédent se soit fait dégommer.
L'issue elle-même est pathétique, tant on se demande pourquoi Neo ne choisit pas cette solution plus tôt puisqu'il est supposé éviter les ennuis à tout prix.
"Tout ça pour ça !?", en gros.
Visuellement ça reste agréable. L'utilisation du Bullet time devient quelque peu encombrante et abusive mais en regard du reste c'est presque rafraichissant.
Mention spéciale à la poursuite en moto, qui sauve presque à elle seule le film du 1/10 fatidique.
Je ne vais pas continuer à énumérer la liste des ratages, ce serait trop long.
Retenez simplement (enfin façon de parler), mon ami, que ce que vous venez d'oublier ne vous manquera pas.
Mieux, cela ne viendra pas vous hanter.
Presque à elle seule, disais-je enfin, car il y a autre chose.
Une phrase qui tiendra lieu de conclusion à cette critique.
Une phrase très savoureuse, a fortiori si vous avez vu le film en VO.
Une phrase que, comme un hommage un peu ironique, j'adresse aux frères Wachowski :
"Nom de dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d'enculé de ta mère"
(sic)