D'où venons-nous?

  Il ya un désamour entre les fans de la saga, et le deuxième épisode. Je n’ai jamais bien compris pourquoi. Trop d’effets spéciaux pour certains. Trop peu d’enjeux pour d’autres. Ah bon ? Pour moi, le vrai problème de Matrix Reloaded, c’est prendre tout le monde au dépourvu. Moi je n’attendais pas de suite, le premier épisode se suffisant à lui-même. Mais avec un succès pareil, normal qu’il y ait suite. Mais qu’elle suite ? La barre est tellement haute qu’il soit normal qu’il y ait des insatisfaits. Les Wachowski choisissent l’option surenchère. De nouveaux personnages à la pelle. De l’action à la pelle et pioche. Et dessous le même discours, même si on l’entend moins. Nous sommes toujours dans la Matrice. Et on n’est pas prêt dans sortir.

Néo nous laisse circonspect. Superman avec des lunettes noire, c’est d’un goût douteux. Un superman aussi perdu que nous dans les dédales de la machine. C’est le moment de la désillusion. Morpheus doit se réveiller. Trinity doit accepter. Tous sont des objets du destin. L’agent Smith revient. Il se multiplie par X. Seul lui semble avoir son destin en main. Il prend possession des corps tel un virus, et envahit la machine. Il est temps de faire une mise à jour de la Machine. Mais qui peut faire cela ? Celui qui a créé la Matrice.

  Je me sui laissé embarqué par le son et lumière, et ses cascades en apesanteur, encore plus folles, les décors encore plus kitsch, l’ambiance gothique flamboyant. Le casting afro-punk. La course poursuite en plein autoroute, sans aucun respect du code de la route. Une poussée d’adrénaline plus tard, on oublie de penser. On danse. Zion. La cité rebelle. Elle ressemble à un petit Fort Alamo dans une grotte. Zion qui se prépare pour le combat final contre les machines. Revirement classique. Matrix se remet sur les rails du super-blockbuster (normal). Les fans ont fait la moue. On attendait plus, ou autre chose. On ne sait plus. Matrix épisode 1, c’était du caviar. Difficile de faire mieux. Impossible de faire plus. Déception inhérente à tous les numéros deux, le Parrain excepté. On se sent obligé de redescendre d’un cran lorsque soudain apparaît Dieu. Le créateur de la matrice lui-même entre en scène. Mais qui peut faire cela ? Celui qui a créé la Matrice.

  Néo rencontre son père. Et son père lui propose un choix. Un choix lourd de conséquences. En fait c’est un dilemme. Néo n’a pas le choix. Le libre-arbitre, c’est une illusion de plus. L’âge adulte, c’est ça ? Nous sommes embarqués. On n’a pas le choix. On reprend les même, et on recommence. On reprend les mêmes idées que l’on recycle habilement. Et le spectateur reste sur sa fin, car tout ce déchaînement numérique qui monte, qui monte, comme une petite bête qui monte qui monte, prépare à une fin grandiose, où toutes les réponses nous serons données. Toutes les zones d’ombres seront dévoilées. Mais plus tard. Frustrant. Nous sommes passés à l’âge adulte. Même si on règle les problèmes à coup de kung-fu, et de combats singuliers, ne vous fiez pas aux apparences. Il n’y a pas les gentils humains, contre les méchantes machines. Comme dit un nouveau venu nommé Séraphin : « On ne connaît quelqu’un que si on le combat » De la confrontation naît la lumière. Une suite explosive. Au début explosif. Stylisé, gracieux comme un corps de femme déformé par la gymnastique, moulé dans du cuir noir qui caresse les corps. La chèvre et le chou. Le fond et la (grosse) forme. Echec flamboyant, miroir déformant. Car ce n’est qu’une suite, qui prépare à une fin. Un entre-deux. Un beau corps qui excite les pupilles. Car bientôt, enfin. C’est bientôt la fin.

C’est déséquilibré. C’est too much. C’est bigger than life. C’est Matrix.