Voilà une autre sequel sur le tard que personne n'avait forcément demandé et que moi-même je n'attendais pas tout spécialement. On me dit Matrix aujourd'hui, je pense à plusieurs choses ayant bercé mon adolescence : Keanu Reeves et son visage éternellement juvénile, des BO à tomber, des scènes d'action impeccablement chorégraphiées, Carrie-Anne Moss sur sa Ducati, une trame scénaristique à multiples lectures, le fameux bullet time, etc. A l'époque de sa sortie, cette sympathique trilogie avait marqué les esprits par bien des aspects, tout en symbolisant également la transition (voire la scission) des films d'actions entre la fin du XXème siècle et le début du Troisième millénaire.
Dix-huit ans plus tard... Même si la team Wachowski (certes amputée d'une des deux soeurs) est aux commandes, difficile de ne pas voir le danger d'un intérêt autre que mercantile dans la production de cette suite tardive ; d'autant que tout semblait avoir été dit en 2003.
Alors, était-ce bon ? Oui, assurément. Et tant pis si l'effet nostalgie du dimanche est là (après-tout, après Spider-Man : No Way Home sorti il y a une semaine on est plus à ça près), retrouver les personnages de Néo, Trinity, ainsi que quelques bonnes vieilles têtes sympas au milieu d'une nouvelle intrigue questionnant les fondements de notre réalité et quels impacts nos émotions peuvent avoir sur ces derniers s'est avéré un pur bonheur. En résulte une première partie déstabilisante mais judicieusement mise en place où le film se moque presque de son propre lore à grands coups de faux-semblants et de mises en abyme, tant et si bien que les doutes assaillant ce pauvre Thomas Anderson gagnent progressivement le spectateur qui se demande comment une situation initiale si méta avec le monde actuel peut si bien s'imbriquer dans la continuité des opus précédents. Rêves ? Réalité ? Délires hallucinatoires ? On veut savoir et c'est là que le film fait mouche ; même si une seconde partie semblera miser sur ce que la série a de plus conventionnelle dans le registre action haletante.
Qu'importe, la vraie force de ce Matrix Resurrections c'est que AUCUN de ses clins d'oeil ne relève du fan-service gratuit ; constat aussi rafraichissant que la pluie qui perle sur votre peau quand vous vous battez au ralenti contre des mecs à costards & lunettes noirs.
Outre Keanu et Carrie-Anne, le reste du casting n'est pas à négliger pour autant, les nouvelles têtes assurent le job sans problème même si certaines réserves m'habitent pour quelques choix artistiques. Un agent Smith qui n'est pas incarné par un charismatique Hugo Weaving, ça fait un peu bizarre. De même, bien qu'assurant la succession de Lawrence Fishburne dans un autre rôle incontournable de la saga, Yahya Abdul-Mateen II peine à se hisser à la hauteur de son prédécesseur tant son aura plane encore et toujours dans ce film via flashbacks & autres easter eggs.
Merci, Lana Wakowski, pour ce voyage en Amnésie. Une façon parfaite de clore cette année ciné 2021 si... particulière.
...comment ça, une scène post-générique ?! Oh non, pas vous non plus, Lana..