La franchise clôt sa trilogie avec FOI et FRACAS

Tourné simultanément que MATRIX RELOADED, MATRIX REVOLUTIONS sort 6 mois après son prédécesseur. Après la fausse piste distillée à la fin de l'opus précédent, Zion, dernier berceau de l'humanité libre, va enfin connaître sa destinée, guidé par son élu : NEO.


Si la guerre entre les Hommes et les Machines atteint ici son paroxysme, la réponse viendra de là où ne l'attendait pas. Pas d'un REBOOT de la Matrice mais de l'opposition apogéique entre Neo et l'Agent Smith, programme désormais incontrôlable se dupliquant à l'infini tel un virus. Une réponse amorcée dans le final de RELOADED où Neo parvient à arrêter 4 Sentinelles dans le monde réel juste par la pensée, et Smith à s'implanter dans le monde réel en prenant le contrôle de Bane. Autrement dit, les deux personnages parviennent à étendre leur pouvoir dans le monde réel, devenant plus puissants que jamais.


Si pour Smith, on peut mettre ce développement soudain sur le compte de plusieurs facteurs (programme destiné à être débranché donc plus sous contrôle des Machines, capacité d'absorption et de reproduction multiple), la réponse est plus ambiguë pour Neo. Comment a-t-il soudainement pu agir par la pensée dans le monde réel alors qu'aucun autre humain n'y parvient ? Cela questionne sur la nature même de Neo. Est-il finalement un programme conçu pour mettre fin à la Guerre ou bien l'Elu humain dont les pouvoirs grandissent au fil de sa mission ?


Pour creuser le sujet, il convient de s'intéresser au personnage de l'Oracle. Comme exprimé par Neo dans le second film, celle-ci confirme ici son statut de programme informatique, créé par un bug de la Matrice dont la programmation varie au besoin, en supprimant ou ajoutant des données. Ce point sert d'ailleurs de justification au changement d'actrice incarnant l'Oracle. Décédée le 29 décembre 2001, Gloria Foster est en effet remplacée par Mary Alice, qui prend ainsi l'image d'une version mise à jour de l'Oracle. Stratégie plutôt astucieuse...


Sa vraie nature révélée, l'Oracle apparaît comme la clé de voûte de la trilogie, celle qui par ses prophéties guidera l'humanité vers la paix et la liberté. C'est elle qui a prédit à Morpheus qu'il trouverait l'Elu, à Trinity qu'elle tomberait amoureuse de celui qui deviendrait l'Elu, à Niobe qu'elle aurait le choix d'aider l'Elu dans sa mission, et à Neo le choix qu'il devrait effectuer entre sa vie et celle de Morpheus avant de le guider vers le chemin de la Source. Des prédictions basées sur la psychologie humaine qui vont guider les choix des héros tout en leur laissant leur libre-arbitre. Pleines de sagesse, les prophéties de l'Oracle guideront Neo vers sa destinée, celle de l'Elu. Sans elles, Neo n'aurait peut-être jamais trouvé la foi et cru en son pouvoir.


Tous deux déterminants dans l'équilibre de la Matrice, l'Architecte et l'Oracle s'opposent toutefois dans leur approche. L'Architecte se veut rationnel, convainquant chaque nouvel Élu de réinitialiser la Matrice et de sauver Zion en rebatissant la Cité. L'Oracle prend davantage de risques en prophetisant des évènements sans certitude absolue dans un but plus grand : la PAIX.


Doté d'un scénario maîtrisé sur le bout des doigts, cet épisode final de la trilogie est également époustouflant sur le plan visuel, nous gratifiant de séquences marquantes : l'attaque de Morpheus,Trinity et Seraphin sur le repaire du Mérovingien, l'affrontement Neo / Bane, la bataille titanesque entre les humains de Zion et les Sentinelles, et bien sûr le combat final entre Neo et Smith sous une pluie diluvienne et une bande-son des plus somptueuse.


Alors malgré tous ces arguments élogieux, pourquoi seulement 7/10 ?


Principalement pour la trop faible présence des personnages centraux, particulièrement au cours de la bataille de Zion. A ce moment, Neo et Trinity sont en route pour la ville des Machines, Morpheus, Niobe et Link sont eux sur le chemin du retour vers Zion. Autrement dit, la défense de la Cité est assurée intégralement par des personnages secondaires. Un peu décevant pour une bataille aussi longue et dantesque...


Je pointerai également la moindre présence dans cet opus final de la Matrice au profit de Zion, dont le décor me rebutera toujours. Celui des vaisseaux n'est pas non plus faramineux.


Malgré ces deux points négatifs, Matrix Revolutions réussit en beauté sa conclusion en mêlant spectacle, émotion et sagesse. Une fin qui clôt en beauté l'une des sagas les plus marquantes des années 2000.

Sir_Stifler
7
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le 29 déc. 2021

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Sir_Stifler

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