Où allons-nous?

    Pour finir en beauté. Et si tout n’était qu’une question de karma. Croyez-vous en la réincarnation ? Croyez-vous au karma ? Et de révolution en révolution, le palier ultime, le fameux Nirvana. Nous en sommes loin, car nous sommes dans la matrice, et il y a d’abord la guerre. Comment finir en beauté la trilogie que beaucoup trouvent inégale ; bien que révolutionnaire, en tout cas générationnelle ? Matrix Revolutions. Pour plagier une métaphore biblique, on dirait : Révélations. Car le moment est venu de tout mettre à plat. The Matrix aura marqué les esprits. Reloaded aura relancé la machine. Et pour le grand final, la salle de ciné était pleine, (bien sûr), comme aux épisodes précédents, (souvenirs). Matrix Revolutions. Même des gens réfractaires au genre, et au cinéma tout court, auront étés marqués par le phénomène. Un ancien prof à moi, (que j’ai rencontré au hasard d’une rue), me disait l’autre jour, qu’il avait les 3 en bluray à la maison. Ah bon ? Pourquoi ? Parce que tout ce que l’on appelle le « système » est décrit dans The Matrix . Il suffit de savoir voir et écouter. En effet. Le fameux truc qu’on appelle pompeusement : « système » est en sous-texte dans les veines de The Matrix. Tout le monde l’a vu.

   Une célèbre boîte de vente en ligne dont le nom commence par a et finit par zon, utilise des robots pour surveiller les employés. Et si par exemple la pause pipi est anormalement longue, on peut avoir un avertissement, ou un blâme, puis quelques brimades. Puis la porte. Si on a la mauvaise idée de « critiquer » la bonne marche des choses. Ça commence. Doucement, mais ça commence quand même.

 The Matrix nous explique le monde de l’alpha à l’oméga. Bien naïfs seraient ceux qui y voient qu’un simple divertissement. Les règles qui régissent la matrice, sont « naturelles », imposées par l’ordre naturel des choses. La guerre menée par Zion, la cité rebelle semble perdue d’avance, tant les forces en présence sont inégales. Néo le sauveur, est de plus en plus humain. Un humain de plus, avec quelque chose en plus. Privé d’un sens primordial, (no spoiler), il compensera par le troisième œil, qui permet de voir plus loin. Au pays des aveugles (humains), les borgnes et les voyants sont rois. Néo à un rôle ultime à jouer. Tout est une question de choix, c’est vrai, mais transformer son devoir en destin, en but, puis en achèvement, c’est mieux. Nous sommes proches de la fin.

La bataille sera épique, et Zion la cité rebelle tombera, contre les coups de boutoir de la machine. Il ne peut en être autrement. Á moins que…

Matrix Reloaded nous laissait sur notre fin. C’était exprès. Revolutions nous prend à rebrousse poil. Même ingrédients, même recette, même chorégraphies virtuoses. J’ai aimé le dernier épisode. Après la folie furieuse des deux autres, c’est comme un aboutissement. Toutes les pièces se mettent en place, mais pas comme on l’espérait. On croyait au happy end. On a un retour à la normale. On a une fin (réaliste) qui en a surpris plus d’un. Difficile d’en parler s’en spoiler, n’en parlons pas.

     J’ai aimé l’ultime transformation du héros. De petit scarabée, (l’enfance/Matrix), puis superman en lunettes noires (l’âge adulte/Reloaded), et maintenant négociateur, (vieillesse/Revolutions). C’est l’âge de la sagesse, Néo. Les trois âges du héros en trois parties résumés, trois actes de la trilogie. Comment gagner une guerre perdue d’avance, telle est le problème. Demandez à l’Oracle, elle connaît la réponse. Elle ne vous dira rien, mais le peu qu’elle lâchera, veut tout dire. Il suffit d’être prêt à entendre, et accepter la « vérité », puis agir en conséquence. Évidemment, cela ne se fera pas sans quelques petits sacrifices, mais bon, c’est la vie. Et l’amour, ce mal humain, ne sauvera personne, cette-fois ci. Un final explosif donc. Des scènes de combats en apesanteur, des personnages qui surgissent pour remplacer d’autres qui tombent. Mais aucune joie. Les couleurs sont verdâtres, froides, comme s’ils étaient déjà tous morts ; des artefacts rongés par la machine, et la pourriture. L’oxydation a finit par l’emporter et ronge tout sur son passage. Un film funèbre et blafard, Matrix Revolutions.

   Et heureusement qu’il était là. Le cinquième élément. Celui que tout le monde a tendance à oublier. L’agent Smith, celui qui se rebelle lui aussi (à sa façon), contre la matrice. Il se bat avec ses armes, et amène le chaos qui mettra tout le monde d’accord, hommes et machines compris. Tout est perdu.  Á moins que…

 C’est la lutte finale pour la survie. Les règles qui régissent la machines, ne sont pas différentes de celles qui régissent l’ancien monde. Et pour gagner, il faut bien choisir ses alliés. Comprendre son ennemi. Ensuite tout sera une question de stratégie. Smith, c’était commode de le voir comme un « méchant », mais dans cette (sale) guerre, il n’y a que des survivants. Chacun défend ses billes, son intérêt. Un surprenant final, je disais. Oui. D’une implacable logique. Je ne m’attendais pas à ça. Très « adulte ». Bien vu.

 Karma.