Finalement, le costume d’époque sied bien à Foster qui fait avec Maverick une deuxième tournée d’essayage après Sommersby. Elle tient le second rôle de pas très loin après Mel Gibson, le semi-Australien à qui l’on donne pour responsabilité de faire tenir toute l’âme du Far West pokerophile.


Je ne me suis jamais senti aussi bien ancré dans les terres jaunes des déserts américains que depuis ma dernière lecture de Lucky Luke, & le réalisateur sait y faire quand il faut ”Donner” dans les paysages sensationnels – qu’il capture l’air de rien.


Le fantasme cowboyïde est forcément pécuniaire, mais le film a des raisons d’être à l’Ouest tout court : il en fait trop. Trop d’histoires d’argent, trop de répétitions dans les gags. On ne peut pas lui reprocher de manquer d’idées, car l’inspiration télévisée s’en ressent dans l’incroyable densité de divagations rigolotes & de gags incessants qui amènent une fin à rallonge si riche en rebondissements bavards qu’on l’attend avec une fatigue croissante. J’aurais tout simplement adoré ce film enfant – il serait devenu pour moi aussi culte que Willow ou Shrek, quoiqu’on aurait facilement pu couper quinze minutes sans rien endommager – ni rien dédommager, pour ne pas changer de registre.


Gibson occupe plus d’air qu’il n’en semble disponible. C’est son job, qui est merveilleux pendant l’heure qu’il nous faut pour cerner des ficelles somme toute limitées. On atteint aussi facilement l’amusement qu’on s’en lasse, & Maverick nous laisse sur son noyau dur : une histoire de l’Ouest sonnante & trébuchante qui fait joliment perdurer une non-violence naïve dans un environnement représenté comme ultra-violent – là aussi, série télé ou pas, on dirait de la BD franco-belge.


On appréciera des contrepieds parodiques qui frisent l’autodérision inspirée, cependant l’œuvre souffre d’un surplus de matériau qui la rend assez lourde. En fait, on fut timide sur les coups de ciseaux ; quelques uns en plus suffiraient à construire un film digeste qui ne s’abandonne pas au fan service, tout en constituant une adaptation convenable.


Quantième Art

EowynCwper
5
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le 9 janv. 2020

Critique lue 208 fois

Eowyn Cwper

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