L’histoire de cet opus de l’aussi surprenant qu’inégal Spike Jonze semble avoir été plutôt cruelle et mouvementée. Deux versions des faits s'opposent : la première est que le studio, en l’occurrence Warner, insatisfait par les pleurs du public enfantin lors de projections-tests, aurait obligé le réalisateur à retourner en salle de montage. La seconde est qu'il l'aurait carrément forcé à retourner intégralement le film.
Et nul besoin d'essayer de démêler le vrai du faux pour constater que les première images de ce qui nous est proposé sont, en effet, assez inhabituelles dans le paysage de ce qu’on appelle le « film pour enfant ». Agité, malpoli, et même d’une certaine façon brutal, à l’image de son protagoniste et de ses relations difficiles avec son entourage, "Max et les maximonstres" démarre sur une esthétique crue qui mettrait presque à l’aise l’adulte effrayé à l’idée d’affronter pour sa progéniture une avalanche de sucreries, de musiques sirupeuses et de bons sentiments. Jonze met en scène un univers plutôt sombre, aux couleurs tendance ocres, qu’il s’agisse de la maison familiale ou de l’île sur laquelle Max va rencontrer les fameux « maximonstres », auxquels le réalisateur parvient à donner une aura de sympathie tout en les affublant d’une allure franchement peu plaisante. Il ne se gène pas pour salir même jusqu’aux logos qui ouvrent le film, comme gribouillés à la va-vite par un sale gosse qui se serait éclipsé aussitôt.
Mais les qualités propres au film s’arrêtent malheureusement là et la simplicité thématique, presque imposée par le genre, finit par reprendre le dessus, bien que les concepteurs du film, de la production à la mise en scène, s'accordent à défendre qu'ils ont voulu être aussi fidèles que possible à l'esprit de Maurice Sendak, réputé pour sonder le "côté obscur" de l'esprit enfantin. Il ne se passe ainsi plus grand-chose d’intéressant alors que Max enchaîne les scènes de jeu avec ses nouveaux amis, sensées permettre au spectateur de se familiariser avec chaque personnage. Le reste fonctionne selon un mécanisme scénaristique et émotionnel bien rodé : le mensonge du jeune garçon pour se faire accepter par les habitants de l’île, qui le prennent pour une divinité, servira bien sûr d’élément perturbateur, et déclencheur d'une série d’événements malheureusement visibles de très loin. Déception des Maximonstres vis-à-vis de leur hôte, dont résulte un conflit qui sera, sans surprise, résolu dans les dernières minutes du film.
Avec le recul, on ne peut que féliciter Spike Jonze d’avoir tenté un tel pari même si le voyage qu'il propose n'a, au final, vraiment rien d'inoubliable.
Fabrice_Lovison
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le 19 mai 2014

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Fu Furichi

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