Mayrig
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Mayrig

Film de Henri Verneuil (1991)

Moi qui voue un culte au diptyque d'Yves Robert adapté des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol, je me devais de voir celui d'Henri Verneuil, car même si le contexte est autrement plus dramatique, les points communs sont nombreux : l'époque similaire, la ville de Marseille, la voix-off du narrateur devenu adulte, commentant les anecdotes tragi-comiques de ses jeunes années.


Mais l'insouciance du jeune Marcel ne sera hélas jamais partagée par le petit Azad, exilé en France avec sa famille proche, à la suite du terrible génocide arménien.
La principale réussite de Verneuil est d'avoir su marier dans le même film un propos politico-historique (et des images particulièrement choquantes) avec l'évocation de souvenirs familiaux plutôt heureux. La rupture de ton peut surprendre, mais l'audace s'avère finalement payante, offrant au film une profondeur accrue.
Le choix pertinent de débuter le film par le procès de l'assassin de Talaat Pacha permet une transition plutôt réussie entre les deux tonalités du récit.


La limite du film réside dans un certain académisme, parfois un peu artificiel, avec ces anecdotes qui se succèdent l'une après l'autre dans la seconde moitié, sans atteindre le souffle ni la poésie de "La gloire de mon père", certains dialogues souffrant clairement de la comparaison.


Peut-être le jeune Azad (joué par 3 comédiens aux différents âges) n'est-il pas aussi attachant… Omar Sharif fait de son mieux en tout cas, dans la peau du père déclassé mais philosophe. On remarque moins Claudia Cardinale, un peu limitée dans un registre unique.
Finalement, ce sont peut-être les seconds rôles d'origine arménienne Jacky Nercessian et Isabelle Sadoyan qui font la plus forte impression.


Achod Malakian alias Henri Verneuil signe avec ce diptyque (la suite s'intitule "588, rue Paradis") l'ultime projet de sa riche carrière, adaptant ses propres mémoires à l'aide d'un budget considérable, qui lui permet de reconstruire en studios les rues du Marseille des années 20.
Son trente-deuxième long-métrage sera donc également le plus personnel, et de loin, pour l'arménien le plus célèbre du cinéma français. De bien jolis adieux.

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le 19 mai 2019

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Val_Cancun

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