Critique initialement publiée sur CloneWeb.net


Pour parler de Mazinger Z Infinity, il faut remonter à 1978. Antenne 2 diffuse alors en juillet les premiers épisodes de Goldorak. Les plus jeunes (et leurs parents) découvrent un robot géant protégeant la Terre des invasions d’extra-terrestres installés sur la Lune. Record d’audience. Succès fulgurant au point que Goldorak sera l’unique personnage de fiction à faire la couverture de Paris Match et que tout le monde connait de tête au moins l’un des multiples génériques de la série. La savoureuse version française et ses traductions signées Michel Gatineau y sont pour beaucoup. Tout transpire la classe. Il faut dire que la série est rythmée, que l’animation est solide pour l’époque et que les personnages connaissent une véritable évolution. Tous les éléments sont réunis pour marquer une génération et devenir culte.


Mais au Japon la donne est différente : Goldorak (ou Grendizer là-bas) est la troisième série de robots géants créée par Go Nagai. Lassé de voir un schéma se répéter (la structure des épisodes est la même d’une série sur l’autre) et aussi fâché de voir que le héros de la série d’origine, Koji (Alcor en VF), est désormais un second couteau bien moins héroïque que par le passé, le public lâche l’affaire et préfère garder en mémoire le premier robot, Mazinger. En France, les aventures de Koji sont inconnues ou presque : 25 épisodes seulement sont doublés (sur 92) et M6 ne les diffuse que sur un été en catimini quand le robot géant est voué à un véritable culte au pays du soleil levant. Sans Mazinger, pas d’Evangelion. Et sans eux, pas de Pacific Rim. Guillermo del Toro lui-même expliquait à notre micro que “quand il a de la fièvre, il rêve de Mazinger”.


Dans la fiction, Mazinger est un robot géant créé par le grand-père de Koji pour lui permettre de lutter contre le Dr Hell et fonctionnant grâce à un matériau nouveau, l’énergie photonique. Le grand méchant de la série a mis la main sur des monstres mécaniques pouvant être commandés à distance et datant de la Grèce Antique, plus précisément de la civilisation mycénienne. Et veut conquérir le monde.


Infinity commence des années après Mazinger Z et sa suite, Great Mazinger. Koji, après avoir travaillé pour la NASA, a repris les travaux de son grand père sur l’énergie photonique et consacre son temps à la construction de la plus grande centrale du monde produisant cette énergie propre, devenue celle qui fait désormais tout fonctionner sur notre planète. Creusant dans le Mont Fuji, il y découvre un robot encore plus grand que les autres et datant de l’époque mycénienne lui aussi. A l’intérieur, une jeune femme androïde. Alors qu’il fait cette trouvaille, une centrale photonique américaine est attaquée par le Dr Hell et Great Mazinger qui la protégeait, piloté par Tetsuya Tsurugi, est pris au piège.


Après une scène d’introduction rythmée, le film va prendre le temps de se mettre en place. Sur fond de découverte scientifique puis de bataille, les personnages des deux premières séries créées par Go Nagai vont se retrouver. Et les scénaristes sont écrire une série de petites saynètes séparées par des ellipses pour nous présenter le contexte : Tetsuya est capturé et il faudrait que Koji reprenne Mazinger pour affronter son nemesis. Mais l’ancien pilote devenu scientifique a bien du mal à vouloir rechausser les crampons.
En parallèle, ces séquences permettent d’insuffler un contexte géo-politique au récit qui résonne avec l’actualité. Les attaques du Dr Hell sont désignées comme des actes terroristes et c’est d’abord aux Nations Unies de décider, puis aux armées d’intervenir. On sent donc ici une volonté de moderniser et d’épaissir un récit parfois léger sur le petit écran. Les relations entre les personnages vont plus loin que leur seule envie de sauver le monde et il n’est désormais plus question de monter dans un robot et de tout casser. Ceux qui venaient pour voir Mazinger en action vont donc devoir prendre leur mal en patience puisqu’il n’intervient que vraiment tardivement dans un récit qui reprend finalement la structure d’un épisode mais étalée sur 90 minutes. Ou pour faire plus court : malgré la présence de bonnes idées (dont l’armée qui utilise des robots dérivés des Mazingers et qu’on a envie d’avoir en jouet chez soi), c’est long, décousu, et peut-être “trop japonais” pour un public international.


Ces problèmes sont heureusement compensés par un final des plus réussis. Une fois que Koji remonte enfin dans Mazinger, on en prend plein les yeux pour de longues séquences de combat du célèbre robot face à des hordes de méca-monstres. Vous veniez voir des poings voler et des missiles sortir des nombrils ? Vous en aurez pour votre argent. L’animation est fluide, belle, les combats sont dynamiques et modernes. Et tout fonctionne soudainement à merveille, même le dernier acte qui montre non seulement l’union qu’il peut y avoir autour d’une telle légende mais aussi qu’il y a encore du bon en l’homme face à l’adversité.


Pour autant, vous serez peut-être nombreux à être hermétiques. Goldorak n’est jamais évoqué, même pas via un tout petit caméo ou une allusion dans le décor. C’est comme si la série n’avait jamais existé et comme si Koji/Alcor n’avait jamais piloté l’Alcorak. Et Mazinger est truffé de références à son univers d’origine, un univers que le public français ne connait pas. Toute une partie du récit est consacrée aux personnages, notamment via des scènes de retrouvailles à la fois enjouées et qui ne font pourtant ni chaud ni froid aux non spécialistes d’Actarus. Difficile d’entrer dans le jeu, comme il est difficile de voir Mazinger comme l’ancêtre de Goldo’ et surfer sur sa nostalgie. Une partie du public sera forcément mise sur le banc de touche.


Mazinger Z n’est pas un film facile. Il nécessite de s’accrocher au récit et à ses longueurs, il impose aussi de mettre de coté l’envie de voir Goldorak débarquer et donc l’aspect “doudou” de la chose. Mais il contient suffisamment de belles idées dans son dernier acte pour mériter son attention. Sans parler d’une incroyable dernière scène qui montre bien l’impact que Mazinger Z a eu sur la culture au sens large.

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le 14 nov. 2017

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