Dès le générique en flash-backs floutés sur un bonheur perdu, avec les corps de Lindon et Lellouche dorant au soleil sur la plage de Marseille (à lire avé l'accent), jusqu'à l'incommunicabilité représentée dans une merveilleuse scène de repas silencieux chez Flunch, on a du mal à distinguer la parodie de l'original dans la vieille rengaine frachouillarde de l'ex-flic buté et hanté par ses démons. Avec un argument léger comme le mistral et une psychologie légère comme une boule de pétanque, Mea Culpa se vautrera ensuite joyeusement dans les poncifs du thriller beaufissime, ponctué de scènes d'action cependant maîtrisées. Mais l'ensemble, des courses-poursuite en Peugeot aux méchants des Balkans avec un sens aigu de la famille, du gérant de boîte de nuit pourri aux blagues assoiffées de connivence populo sur la SNCF, est un tel triomphe de la médiocrité façon téléfilm terroir, que même ces éclairs de fluidité, rappelant que Cavayé n'est pourtant pas d'ordinaire si manchot, ne sauvent pas Mea Culpa d'incarner un terrible retour en arrière pour le polar français. Car à un moment où le genre semble tenter avec de franches (le haletant et "coréanisé" Nuit Blanche) ou partielles (l'inabouti mais vénéneux Une Nuit) réussites de s'en échapper, pas sûr qu'un retour au régime Flunch soit vraiment sa planche de salut.