Avec Mektoub, my love : canto uno, Abdellatif Kechiche offre une fresque sur la jeunesse aussi gracieuse que vitaminée. Une rêverie filmée à contre-jour dont on voudrait ne jamais s’extraire.


Des culs. Des muscles saillants. Des seins. Des peaux tannées. Des culs, encore. En plan très serré. Mektoub, my love : canto uno, oeuvre sexy et sexuelle, est indéniablement un film d'Abdellatif Kechiche. Le cinéaste le signe, dès les premiers instants, avec un coït interminable de crudité. Lorsqu’il filme les corps voluptueux de ses acteurs , le réalisateur se trouve toujours à la frontière de la contemplation et du voyeurisme.


Cinq ans après La Vie d’Adèle, métrage palmé à Cannes, Kechiche revenait, en 2018, pour son meilleur film de vacances. Dans Mektoub, my love, ne cherchez pas un scénario alambiqué, la virtuosité se niche ailleurs. Ici, Kechiche prouve qu’il est à la fois le réalisateur du réel et celui du fantasme. Il a simplement posé sa caméra au milieu des vies et des turpitudes amoureuses de Céline (Lou Luttiau), Ophélie (Ophélie Bau) et d’Amin (Shaïn Boumedine), jeune scénariste - avatar cinématographique de Kechiche - de retour à Sète le temps d’un été. Mais, avec sa caméra collée à la peau de ses acteurs comme du sel marin, il les transforme en divinités. Parce que, comme d’habitude chez Kechiche, tout est beau : les gens, l’année 1994 et même l’accouchement d’une brebis.


Pendant près de 2h50, on observe, non sans délectation, un ballet des désirs où l’on se cherche, se jauge et parfois se trouve. Tout en continuant de saliver sur le voisin. Une comédie humaine, en bikini et short de plage, autour d’un plat de pâtes à la tomate et de dialogues qui seraient affligeants s’ils n’étaient pas criants de vérité. Dans Mektoub, my love : canto uno, il ne se passe rien et pourtant il se passe tout.

EmilioMeslet
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le 15 nov. 2019

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Emilio Meslet

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