"La perspective approche les parties des corps, on les fait fuir, par la seule dégradation de leurs grandeurs."1765 Denis Diderot.
Tel est le leitmotiv du film de Lars Von Trier. Diptyque tragique sur la dégradation, mélancholia peint la dégradation sur le mode de la pudeur. Guidés par le fatum, les protagonnistes assistent impuissants, à la fin de leur ère. Ils se débattent, ou se complaignent dans leur mutisme , entre peur et résignation naît alors une tension nostalgique qui les poussent à affronter l'inévitable.A travers des images d'une grande sensibilité artistique, Lars Von Trier nous livre un film magnétique où Justine et Claire ne sont que les spectatrices impuissantes de la progression du vide, du chaos de la dégradation, de cette dépression qui mettra un terme à l'humanité. Lunaire, écorchée, justine n'est autre que le microcosme de l' évènement létal. Sombrant peu à peu, elle résiste, puis se fragmente, érigeant une barrière entre elle et le monde.
La photographie vaporeuse et diaphane, transcende l'écran pour dévoiler cette beauté inhérente au chaos, universelle. Mystiques images crépusculaire mettant en scène justine, son corps n'étant plus qu'une enveloppe secondaire, elle l expose aux astres, hypnotisée par mélancholia, métonymie du personnage. contemplant cette planète, elle en mourra , poussée par l'inéluctabilité.
Découverte du cinéma de Lars Von Trier, l'oeuvre s'avère subtile,pudique et sensible. Ce film fut une réelle expérience pour moi, véritable leçon de cinéma, et soulevant une thématique peu exploitée sous cette forme , il demeure puissant. Une puissance au service des émotions, électrisante portée par des actrices au sommet de leur art qui implosent , érodant jusqu' à la leur dernière parcelle de raison.