Les premières images nous plongent dans une ambiance dérangeante. Des images magnifiques de nébuleuses, d’astres tournoyant dans le firmament, mais une beauté qui se mêle à la peur quand on devine quel événement ce spectacle va provoquer. Un sentiment diffus de malaise car on ne sait pas vraiment ce que l’on regarde, quelle histoire va être contée, et la musique classique ne dissipe en rien ce sentiment.

Mais pendant ce temps, une jeune femme nommée Justine se marie. Sauf que pour une raison inconnue elle est incapable d’apprécier cette cérémonie pourtant censée être le plus beau jour de sa vie et fais la moue tout le long de la soirée. Ce pendant une heure… Une heure à se demander pourquoi elle est triste envers et contre tout, et où le film veut en venir. C’est long. J’avais pu lire dans quelques critiques que cette première partie brossait un portrait peu reluisant de l’humanité aux travers des vices de certains personnages. Il est vrai que certains sont assez antipathiques mais le propos reste bien faible pour moi.
La deuxième partie se concentre sur sa sœur, Claire. Mère et sœur aimante, elle s’occupe de Justine qui sombre dans une léthargie paralysante. Alors que la planète approche, Claire ne peut réfréner l’angoisse grandissante d’une possible collision, tandis que Justine ressent un étrange apaisement. Là encore des images à la fois belles et dérangeantes : le splendide levé de cet astre bleue qui éclipse la lueur de la lune, magnifique vue d’un présage pourtant funeste, Justine qui nue comme au premier jour semble se nourrir de cette lueur terrifiante, s’y livrant corps et âme. Tout indique qu’elle est connectée à cette autre planète bleue, comprenant inconsciemment que tout est vain, comme Claire qui semble savoir au fond de son être que la planète et la Terre vont se rencontrer malgré les assurances des scientifiques. Justine en ai persuadé, et affirme même, dans une scène qui fait froid dans le dos, que la vie est mauvaise, et que pour cette raison elle va être éliminée de l’univers, et qu’il n’en existe pas ailleurs. Elle accepte avec une terrible sérénité ce qui représente une perte inconcevable, qui devrait susciter le déni et le refus chez toute personne normale.

« Melancholia » traite donc de la potentialité d’une fin du monde, mais d’une façon bien différente de ce dont on a l’habitude. Il se concentre sur un groupe réduit de trois personnes, isolées du reste du monde. L’impossibilité d’accepter un tel événement, la fin de tout, la disparition de ce que l’on considère comme une merveille de sophistication dans l’univers. Néanmoins je ne trouve pas que cette manière de se comporter peut être celui de tout un chacun, l’une des personnes ayant un comportement trop particulier pour permettre l’identification… Au final je ne suis pas plus avancé pour imaginer comment je pourrais réagir face à pareille situation.
Je m’attendais pour la fin à revoir des images du début, montrant des traînées lumineuses s’envolant des objets et des personnes ou des oiseaux tombés, or celle-ci arrive brutalement.

L’intérêt de «Melancholia » est donc moins une réflexion sur l’humanité ou le rapport à la fin du monde qu’un spectacle artistique, visuel et sonore, pour transmettre ce qui est essentiellement du ressentit. Un film qui parlera donc différemment aux gens selon leur préférence. Et encore faut-il être particulièrement habitué à ce genre de films : moi-même qui apprécie les approches contemplatives et originales, j’ai eu du mal avec celui-là. Si l’un des objectifs du cinéma est bien d’émerveiller et de surprendre, cette approche présente toutefois l’inconvénient de rendre parfois le propos difficile à saisir. Même si contrairement à un « Tree of life » l’image ne prend pas entièrement la place du message.
Mais au-delà d’aimer ou non ce genre de film, je trouve quand même qu’il souffre de quelques défauts : une première partie bien trop longue pour ce qu’elle raconte, insistant trop lourdement sur le comportement incompréhensible de Justine.

Mais malgré ses imperfections et une approche pouvant rebuter, « Melancholia » reste une œuvre mémorable par des images qui marquent l’esprit.
Enlak
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Original, décalé, étrange

Créée

le 23 janv. 2014

Critique lue 396 fois

4 j'aime

Enlak

Écrit par

Critique lue 396 fois

4

D'autres avis sur Melancholia

Melancholia
Thaddeus
5

Le nombril de Lars

Comme souvent, il est difficile d'émettre un avis valide sur un film qui a été tant commenté, et qui a conquis dès sa sortie une très grande notoriété auprès du public cinéphile, y compris parmi ceux...

le 11 juil. 2012

151 j'aime

23

Melancholia
TheScreenAddict
10

Monumental !

Jusqu'à présent, nous n'avions vécu la fin du monde au cinéma qu'à travers un nombre incalculable de films catastrophe, souvent outrancièrement spectaculaires, presque toujours issus des studios...

le 14 août 2011

148 j'aime

30

Melancholia
Hypérion
8

Sometimes I hate you so much, Justine

Deux sœurs, deux corps célestes, deux parties jointes par une introduction qui officie également comme conclusion. Melancholia est un film circulaire, où les lentes rotations des planètes et les...

le 19 août 2015

111 j'aime

3

Du même critique

Interstellar
Enlak
9

"Nous sommes les fantômes de l'avenir de nos enfants"

Tout d’abord, l’annonce que Christopher Nolan se lançait dans un nouveau projet de science fiction, et dès l’annonce du concept, l’attente fébrile avait commencé. Un vaisseau qui allait visiter des...

le 20 nov. 2014

56 j'aime

13

Minority Report
Enlak
9

Critique de Minority Report par Enlak

Deuxième adaptation de Philip k Dick la plus réussie, après « Blade runner ». Vu, revu et rerevu à une époque où les films disponibles étaient limités, ce qui explique mon affection personnelle pour...

le 11 sept. 2013

49 j'aime

4

Transcendance
Enlak
5

De très bonnes idées gâchées par un traitement maladroit

Des scientifiques tentent de mettre au point la première intelligence artificielle, dans le but de changer le monde, d’accéder à une nouvelle étape de l’évolution et de régler les problèmes que...

le 30 juin 2014

37 j'aime

8