6,75/10
On ne sait trop - et on aimerait bien savoir ! - ce que von Trier a voulu faire avec ce film. De quelque manière qu'il se soit cependant justifié son entreprise, il aurait dû penser davantage à son spectateur avant d'infliger au festival de Cannes un film qui n'est pas moins long que The Tree of life. Trait significatif, tous les spectateurs de la salle poussèrent un profond soupir de découragement en voyant s'afficher "Part two" après un long noir dont ils pensaient et espéraient qu'il signifiât la fin, alors encore honorable, de la séance. Mais on aurait voulu l'achever qu'on ne s'y serait pas mieux pris, non que ce film fut inintéressant, mais sa longueur, sa lenteur, sa lourdeur peuvent exaspérer les plus habitués aux films longs et lents. Plus encore qu'à l'habitude, chaque image est une photographie, a sa valeur esthétique, tout le visuel est minutieusement travaillé, dans une grandeur esthétique pesante et très regrettable : ces efforts peinent à susciter l'admiration qu'ils méritent. L'idée fondamentale est pourtant très stimulante : tandis qu'une première partie représente un personnage atteint par la mélancolie (la référence aux Noces de sang de Federico Garcia Lorca peut sembler troublante), la seconde met en scène le danger très sci-fi que court la terre d'être percuté par la planète Melancholia, belle extériorisation à une dimension cosmique d'un des sentiments les plus intérieurs, aux racines les plus inconscientes, de l'âme humaine. Mais avoir une bonne idée scénaristique, avoir atteint une maîtrise de l'image exemplaire, disposer d'un casting de choix (Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Kiefer Sutherland - il n'est peut-être pas nécessaire d'évoquer Alexander Skarsgard ou Charlotte Rampling), réunir tant de qualités ne suffit pas. Encore pouvait-il renoncer à une provocation en partie gratuite, apprendre qu'on peut aimer Wagner mais trouver insupportable d'entendre répété encore et encore le Prélude du Tristan und Isolde, comprendre que même la volonté cherchant l'art le plus pur doit parfois s'abaisser à plaire. (critique de 2011)