Il m'a fallu attendre trois ans et enfin aujourd'hui, j'ai pu assister à l'Apocalypse selon Von Trier.

Tout est dans l'ouverture. Wagner, sa puissance et ses silences, Brueghel, sa peinture et sa présence et Von Trier, son originalité et son esthétisme divin, mystique...

Mais bon dieu qu'est ce qu'on l'attend cette fin du monde. Le film en deux parties se révèle d'une accessibilité totale. Hier j'ai tenté son premier film, Elements of Crime, et j'ai vite arrêté (et ce n'est pourtant pas mon genre de stopper le visionnage d'un film au milieux) car c'était juste inaccessible, pour moi en tous cas.
Melancholia offre une première partie très étonnante, qui révèle de la satire familiale, de la comédie dramatique (bien plus dramatique d'ailleurs). On assiste à la dislocation progressive d'une famille dont les membres sont aux antipodes. Famille interprétée par une brochette d'acteurs de renom (on citera entre autres Rampling, Hurt et Skarsgård). On assiste, incrédules, mal à l'aise et pas à notre place à cette fête qui tourne au tragique à laquelle le réalisateur nous invite de force. On se sent en retrait face à ce spectacle ubuesque et démoralisant qui peine à nous intéresser totalement, il faut l'avouer. Lars Von Trier ajoute de la nervosité à cet ensemble mort-né, lent et bavard grâce à une caméra intrusive et nerveuse avec ses mouvements brusques et volontairement non - maîtrisés, ses flous et ses zooms violents, qui nous rappellent à tous les films de mariage filmés par tonton Jacky avec son bon vieux caméscope.
La deuxième partie valorise la prestation d'une Gainsbourg toujours impeccable, dans le rôle de cette maman inquiète. Le film dérive progressivement et lentement vers le thème tant attendu. Kiefer Shuterland magnifie le tout par une présence surprenante et tout autant rassurante (avec son fils, le personnage qu'il incarne semble être le seul normal...). Von Trier instaure une ambiance glacée, silencieuse, qui laisse une part non négligeable à la contemplation, dans ce film à mon goût trop bavard. La tension est maîtrisée avec une infinie justesse et précision et on assiste, scotchés, incapables de réagir, à une nature qui se révolte face à une planète menaçante qui pèse à l'horizon.

Tout est dans le prologue, tout y est résumé. Lars Von Trier ne cherche pas à surprendre.
Il montre, avec son style bien à lui.
On cherche toujours le lien entre les deux parties. Mais on abandonne vite.

"C'est du Lars Von Trier"
Charles Dubois

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