J'ai pas encore vu The Tree of Life, mais si ce film a vaincu Melancholia pour la Palme d'Or, j'ose imaginer qu'il puisse tenir du chef d'oeuvre.
Le nouveau Lars von Trier n'est pas son meilleur film, mais il n'en est pas loin. Suite logique d'Antichrist, Melancholia traite de dépression, d'amour, de haine. D'une façon certes plus standard, il n'en reste pas moins plus abouti car moins frontalement polémique. Visuellement et narrativement, von Trier reprend les codes de son précédent long-métrage, avec un découpage en chapitre et une scène d'introduction en super-slow-mo-sur-fond-de-musique-classique-qui-te-réapprend-la-vie. Esthétiquement, le travail de M.A. Claro est tout simplement l'un des plus réussi de ces dernières années, travaillant des lumières naturelles et des CGI avec une subtilité et une maîtrise absolument irréprochables. faisant d'un film les des travaux les plus plastiquement intéressants de ces 10 dernières années.
A cela s'ajoute un casting hors du commun, sorte de version art-house de la all-star-team d'Inception, accompagnée de choix pas forcément évidents (Kiefer Sutherland, Alexander Sarsgård, c'est à vous que je pense) mais fondamentalement efficaces. L'ensemble des acteurs intéragit de façon cohérente et réaliste, malgré le thème abordé, difficilement crédible. Personnellement, je dois toutefois avouer avoir du mal à comprendre le couronnement de Kirsten Dunst, dont le jeu est certes au delà de ce à quoi elle a pu nous habituer, mais reste souvent forcé, surtout comparé à la justesse de Gainsbourg, Hurt ou Sarsgård (Alexander autant que Stellan).
Seuls légers défauts, l'usage de la musique parfois lourd, abusant des sens des spectateurs plus qu'il n'aide à véhiculer les émotions des personnages. Certains auront sans doute du mal à supporter la façon dont von Trier traite les gens heureux comme des idiots aveugles et ennuyeux, même si je suis personnellement d'accord avec lui sur ce point.
En bref, Melancholia est une nouvelle expérience visuelle et auditive plus qu'un réel déroulement narratif, puisant au plus profond de la psyché d'un homme qui, clairement, regarde l'humanité avec un détachement parfois troublant, mais dans laquel certains se retrouveront. J'en fais partie, et j'ai donc grandement, profondément, honnêtement adoré ce film.
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