La fin du monde selon Lars Von Trier
Après nous avoir retourné dans tous les sens avec son sublime et malsain Antichrist dont le générique du début restera dans les annales du cinéma, Lars Von Trier remet ça avec Melancholia. Cette fois-ci, il se part d'un plus gros casting (Antichrist ne comptant que deux personnages). Lars Von Trier étant connu pour être un vrai dictateur sur le plateau, allait-il pouvoir réussir à diriger tout ce beau monde ? Et grosse surprise, le retour de Charlotte Gainsbourg malgré les sévices que le réalisateur lui a fait subir dans Antichrist (masturbation avec un morceau de bois par exemple).
Qu'en est-il de ce Melancholia ? Un chef d'œuvre tout simplement. Si beaucoup de films parlent de la fin du monde, aucun n'arrive à la cheville de Melancholia. Car en plus de parler d'humanité, le film nous livre des images d'une beauté rarement vue au cinéma confirmant le génie de Lars Von Trier. Le générique du début sur le même modèle de celui d'Antichrist se paye le luxe de le surpasser en mettant en scène des tableaux cauchemardesques, des véritables visions de fin du monde. Probablement les plus beaux plans du cinéma: la fin du monde dans toute sa splendeur et son tragique.
La musique joue aussi un véritable rôle pour nous pénétrer et faire ressentir notre sensibilité. On en devient affaiblit et vulnérable devant les plans du film dont la beauté rivalise celles de Tree of Life sans cette fois de mauvais goût (je ne suis toujours pas remis de ces dinosaures d'une laideur...), ni de longueur. Grâce à la suggestion de la musique et des images, on arrive par moment à ressentir cette mélancolie.
Le truc magique de Melancholia est d'arriver à nous faire subir la planète Melancholia comme une épée de Damoclès. On vit la pression de cette planète, on la craint, on est fasciné comme les personnages. Un véritable tour de force de la part du réalisateur danois qui arrive à donner à Melancholia (le nom de la planète) une envergure et une identité qui rappelle parfois celle de l'hôtel Overlook de Shining. On peut ainsi commencer à comparer Lars Von Trier à Stanley Kubrick.
Il y a encore tellement de choses à dire, à analyser mais je ne le ferais pas pour ne pas troubler l'expérience cinématographique que vous allez subir/ressentir avec Melancholia. C'est du cinéma avec un grand C.
Le casting est une véritable pépite. Le père, joué par la première victime inoubliable de l'Alien, est aussi délicieux que son ex-femme, la magnifique française Charlotte Rampling, est détestable. Il y avait aussi Stellan Skarsgård qu'on avait vu récemment dans Thor.
Mais le trio d'acteurs Dunst/Gainsbourg/Sutherland est celui qui tient le film. Dunst, récompensée par un prix d'interprétation féminine à Cannes, est envoûtante et complait à une certaine animosité de notre part pour son personnage de jeune fille atteinte de mélancolie et ne sachant comment y résoudre. Ce personnage se révèle plus profond qu'il n'y paraît.
Charlotte Gainsbourg joue cette fois-ci un rôle moins éprouvant que celle qu'elle tenait dans Antichrist, elle s'en sort avec brio comme d'habitude. La grosse surprise reste Sutherland, j'ai toujours eu du mal avec lui, l'associant systématiquement à Jack Bauer mais là, il réussit à me faire oublier son rôle de super agent anti-terroriste et à composer un personnage terriblement... humain.
Quid de la palme d'or, pour beaucoup Melancholia est celui qui aurait du remporter le prix tant convoité, il était même le grand favori. Seulement les frasques de son réalisateur lui ont valu d'être persona non grata à Cannes et nul doute que si la Palme d'Or avait été donné à Melancholia, ça aurait déclenché une immense polémique. Je vous encourage à lire le paragraphe Provocations et polémiques sur le Wikipédia de Lars Von Trier qui a le mérite de clarifier les choses.
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