Une entrée sur plusieurs minutes d'une grande beauté, des couleurs magnifiques pour des tableaux réussis, des ralentis des plus gracieux....et servie par une très belle musique, nous sert la fin du monde ...au début...
La fascination pour les femmes de Lars Von trier, du rapport au monde et sa vision pessimiste sont ici traités par le biais d'une sorte de conte fantastique ; deux caractères de femmes, et la planète Mélancholia qui se rapproche de la terre et trouve son "double" dans la mélancolie de Justine...Effet de la planète ou cause de la fin du monde par Justine elle-même ?
Pas de clichés du genre, pas non plus de science fiction ou de fantastique avéré...amènent un brin de perplexité.
Parti-pris du cinéaste de placer son “apocalypse” dans un genre huit-clos avec une grande demeure comme décor, personnages prisonniers et seuls au monde...et les signes avant-coureurs emprunts de poésie, amenant à mesure de l'approche de “Mélancholia” le revirement mental de Justine, comme remède à sa mélancolie et comme pour saluer l'extinction de l'espèce humaine, pour un hymne peut-être à la force de la “physique”...
Entre deux, l'histoire passe par deux chapîtres sur la description de deux soeurs... pour un mariage de mascarade, révélant Justine et l'hypocrisie des rapports - mais le sentiment de chaos et des liens qui se délitent sont curieusement interprétés...Les "affres" de l'âme humaine ne sont pas franchement ressentis, plutôt grand spectacle poussif à la limite de l'exaspération par moment –
Et le retournement de situation, en seconde partie, par le drame inévitable et les réactions des protagonistes, laissent aussi parfois un sentiment mitigé, notamment par le suicide, qui n'apporte finalement pas le sentiment d'angoisse et de fuite attendues. La seconde partie reste plus intéressante dans l'angoisse grandissante et incontrôlée de Claire, d'autant plus grande car cela suggère la perte future de son enfant...pour un court moment d'émotion.
Mais surtout, la scène de crise, réunissant invités et famille, voulant peut-être nous rappeler la déroute familiale du film "Festen", - autrement percutante et réussie - est servie par des dialogues trop affligeants...Des rôles, des situations sans grand intérêt, sauf peut-être des acteurs appréciés (Skarsgård père et fils ) C.Rampling....pour globalement des acteurs figurants sans véritable inspiration.
On oscille donc entre le magique avec cette planète qui va et vient, et la bande son qui l'accompagne, et le drame psychologique. Et la capacité de Justine à percevoir cette fin du monde, qui ne trouve pas l'appui fantastique sur une intrigue traitée de manière trop réaliste.
Restent un certain lyrisme et un romantisme hors du temps.