Croisement identitaire

Où comment une jeune fille franco-grecque ayant perdu sa mère se retrouve sur l'île de Lesbos avec deux amis, partis pour des vacances, pour vendre en réalité la maison familiale. Mais une rencontre avec un syrien échoué là, par hasard, qui voudrait retrouver sa mère dont il a été séparé, va bouleverser la vie de ce trio sincère.
Ce film est un bel exercice épuré qui interroge sur la quête de son passé, de ses racines, de son identité, tout en bousculant le spectateur sur les questions posées par l'immigration et ses conséquences dont les réponses semblent insurmontables. Le tout enveloppé sur la nécessité de gérer son deuil pour renaître et s'occuper des vivants.
Abordé sous le rythme de la comédie, la réalisation bascule lentement sous la saveur du drame sans jamais qu'il ne devienne oppressant. C'est soigné, bien fait et très vraisemblable.
Les comédiens sont justes et les contradictions engendrées par leur comportement leur donnent une crédibilité assurée et authentique. Daphné Patakia en jeune fille rebelle, Rabah Naït Oufella en amoureux refoulé, Lamine Cissokho en amuseur décontracté et Karam Al-Kafri (vrai réfugié palestinien de la troisième génération de la région de Damas, authentique joueur de clarinette) sont parfaits.
C'est frais, subtil, engagé sans être racoleur, lumineux, avec une émotion à fleur de peau. Un excellent moment de cinéma.