/!\ contient spoiler /!\


La scène commence un soir de pluie comme tous les soirs de meurtres.
La petite copine du détective traverse un sentier couvert par des arbres, mais nous la voyons depuis un point de vue isolé, derrière des branches.
En tant que spectateur, le suspense s’installe car nous comprenons rapidement que la caméra épouse le regard du tueur, et qu’il contemple sa prochaine victime.


Soudain, une autre personne arrive à l’opposé du chemin : il s’agit d’une petite fille que l’on a vu déjà vu plus tôt.
Le tueur la contemple à son tour.
Par sa mise en scène, le réalisateur nous donne alors à choisir : qui doit mourir, la petite amie ou la petite fille ?


L’enfant est encore jeune et innocente, il est inacceptable de la voir se faire violer et mourir. Oui, certes ! mais nous ne l’avons vu que très peu dans le film, elle nous est inconnu... Au contraire, la petite amie tient une place plus importante dans le récit et pour le spectateur.


Est-il moral de préférer le viol et la mort d’une enfant à celle d’une adulte ? Juste, parce que nous la « connaissons moins » ? Personne n’aimerait répondre à cette question et pourtant la mise en scène nous y invite inconsciemment. Nous, qui étions bien en sécurité, hors du récit, derrière l’écran, nous voilà pris dans un choix cornélien, et cela, rien qu’à la force des images et de la mise en scène.


Pire !
Le film nous pousse dans nos pires retranchements lorsqu’il nous donne, dans un soulagement aussi répugnant qu’il est libérateur, la satisfaction de voir l’enfant devenir le choix du tueur à la place de la petite amie.
Finalement, ne sommes nous pas aussi des monstres pour ressentir cela ?

JérémyEvrard
10
Écrit par

Créée

le 9 févr. 2020

Critique lue 115 fois

1 j'aime

Jérémy Evrard

Écrit par

Critique lue 115 fois

1

D'autres avis sur Memories of Murder

Memories of Murder
Nushku
9

Thriller aigre-doux

Memories of Murder n'est pas monolithique. Il est certes en premier lieu un polar captivant au rythme parfaitement construit sur la traque d'un serial-killer mais il est aussi fait d'antagonismes...

le 4 mars 2011

212 j'aime

6

Memories of Murder
guyness
9

Corée graphique

Je ne sais pas pourquoi, le cinéma asiatique m'a toujours laissé froid (1). La preuve: côté nippon, je n'aime que Kurosawa et Miyazaki. Les chinois m'ennuient, les films HK me plongent dans une...

le 5 janv. 2013

170 j'aime

21

Memories of Murder
Gothic
10

Lettre triste

[SPOILER ALERT / ALERTE GACHAGE] Le détective Park Doo-Man me fait rire, il est si maladroit. Et puis il me peine, aussi. Etre désespéré d'attraper un homme au point de falsifier des preuves, de...

le 6 juil. 2014

145 j'aime

43

Du même critique

Ça
JérémyEvrard
2

Comment ça (le film) a tué ça (le livre) ?

J’annonce librement, sans prendre les pincettes que ce film ne mérite pas, avoir eu l’envie très forte de dégueuler ma colère après avoir assisté à la projection de Ça. Pourquoi ? Car le livre de...

le 2 oct. 2017

1 j'aime

Sueurs froides
JérémyEvrard
10

Vertigo en une scène

Madeleine déambule dans San Francisco, Scotty la prend en filature. Elle est « la proie », lui « le chasseur ». Tout comme le reste du film, cette séquence est une illusion dans...

le 9 févr. 2020

Ma vie avec John F. Donovan
JérémyEvrard
2

Vivre sa vie (à la sauce Hollywood)

Xavier Dolan est un enfant capricieux qui, trop content de jouer à la poupée avec ses actrices préférées, les fait tourner dans une réécriture hollywoodienne de sa propre vie. Aux oubliettes la...

le 3 avr. 2019