Comme la Hollande a pu être l’autre pays de fromage, la Corée est l’autre pays du polar. Esthétique, avec de vrais scénarios et des personnages vraiment travaillés.
Celui-ci, tiré d’une histoire vraie est un bijou de désenchantement. On en ressort avec beaucoup d’amertume.
Les faits datent de 1986. Deux flics d’une petite ville de Corée se retrouvent avec un tueur en série sur les bras. Ils vont jouer l’enquête à l’ancienne, à l’heure où les recherches d’ADN étaient un concept un peu flou. Ils vont se trouver un coupable idéal et le faire avouer par des techniques éprouvées (en gros, la torture). Un flic de Séoul débarque, avec plus de retenue, et leur prouve qu’ils se plantent de coupable. L’enquête repart à zéro.
Le film joue superbement sur l’inversion des valeurs. Les flics locaux, un peu clownesques (un est persuadé d’être médium et l’autre attaque les suspects avec des coups empruntés à Bruce Lee), vont devoir s’accommoder d’une éthique qui leur fait défaut (non par méchanceté, mais parce que c’est la tradition). Et ils en deviennent hyper-touchants dans leur manière de voir l’affaire, même s’ils prennent leur collègue de haut.
À l’inverse, le flic le plus raisonné va petit à petit vaciller devant la folie qui entoure cette enquête.
Cela pourrait être glauque, mais des vrais moments burlesques viennent teinter l’histoire (le suspect qui s’endort n’importe où, le repas entre collègues, le gars qui se branle sur des sous-vêtements…). Et on suit comme cela cette enquête dont on comprend très vite comment elle va se terminer, entre mélancolie et terreur, entre humour et réflexion.
On a aussi droit à des plans sublimes, comme cette image fixe du flic au milieu des champs.
Un vrai bijou qui nous laisse bien des regrets quant à ce qu’est le polar occidental devenu.