Même en Corée, les nénettes finissent parfois coupées en rondelles dans les fossés. Ainsi va l'histoire du monde, aussi lassante qu'elle soit. Ici, en dépit des événements tragiques qui agitent une petite communauté organisée autour d'une usine lugubre, il semble qu'il soit surtout question de se payer la tête de personnages assez pathétiques, du simplet du village aux policiers affectés à l'affaire de ces meurtres à caractère sexuel qui arrivent certains soirs de pluie dans les rizières. Évidemment, c'est plus exotique que les parkings souterrains ou les ruelles sordides des grandes villes américaines, mais le résultat est le même. Est-ce dû à cette fascination presque malsaine qui brille dans les yeux des locaux quand ils parlent de l'Amérique, où les tests ADN sont envoyés parce que la Corée n'a pas le matériel pour les effectuer ? On ne saura rien des motivations de l'assassin, parce que l'enquête va de fausse piste en fausse piste, sur la base d'aveux joyeusement obtenus grâce à des mauvais traitements qui prêteraient presque à rire. D'ailleurs, c'est l'originalité de ce polar, de se tenir en lisière du ridicule, sans pour autant complètement déconsidérer les personnages principaux : deux enquêteurs issus de traditions radicalement différentes (l'enquêteur des villes et l'enquêteur des champs) que cette longue et pénible quête va forcer à collaborer et à affronter leurs démons personnels (l'arrogance et la violence). Des thématiques porteuses, donc, pour une ambiance assez sombre, parfois burlesque, qui trouve à la toute fin un dénouement qui justifie à lui seul qu'on regarde intégralement ce film à la fois étonnant et dérangeant.