Après Ryan Gosling moustachu dans The Nice Guys, c'est au tour de Madds Mikkelsen d'être poilant dans son nouveau film Men & Chicken, à croire qu'habiller sa lèvre supérieure rend drôle. Ce retour au bled de Madds; en l'occurrence le Danemark; n'est pas la seule source de jouissance dans ce film, qui en offre beaucoup, du moins au début.


Elias (Madds Mikkelsen) est un homme débordant de spermatozoïdes, au point de devoir se soulager régulièrement et n'importe où, surtout si son regard a croisé celui d'une femme. Son frère Gabriel (David Dencik) semble plus "normal", malgré ses hauts le cœur bruyant. Le décès de leur père va faire éclater la vérité sur leurs vraies origines. Ils vont devoir se rendre sur une île mystérieuse pour faire la rencontre de leur vrai père, le docteur Evelio Thanatos.


La famille, cette source inépuisable de bonheur, mais quand on a rien d'autres dans la vie, on doit faire avec... C'est en substance l'histoire de ce film absurde, une sorte de croisement improbable entre L’île du Docteur Moreau et Affreux, sales et méchants. Une absurdité étonnante, puis détonante, avant de se prendre un peu trop au sérieux dans une seconde partie moins enthousiasmante. Son humour noire est rafraîchissante, on voit rarement ce genre de films. Cet univers est particulier, sa découverte se fait à coups de marmites géantes et d'animaux empaillés. Un comique de répétition qui fonctionne à merveille, comme l'emprunt de fromage.


C'est un film à part. La comédie est son point fort, alors que le drame est son point faible. Ce reproche, je le fais souvent aux films français avec leur incapacité à jouer à fond la carte de l'humour, en voulant "intellectualiser" leurs propos. On n'est pas tout à fait dans le même schéma, mais son basculement avec un ton plus sérieux, casse un peu l'ambiance. Surtout, le film n'offre plus grand chose, comme s'il avait déjà épuisé ses bonnes idées. Cela n'aurait pas été une mauvaise chose de réduire sa durée pour obtenir un meilleur effet. Sa répétition finit par lasser : on monte à l'étage, une fois, puis deux fois et il en sera de même pour la visite du sous-sol, puis de la cage. La demeure est immense, mais le réaliste et scénariste Anders Thomas Jensen s'essouffle en cours de route. Son scénario pour The Salvation avait le même défaut, avec cette incapacité à exploiter tout son potentiel.


Au début, la présence de Madds Mikkelsen capte toute l'attention. Il est le phare dans ce casting d'acteurs méconnus, mais talentueux. La réunion de tout ce beau monde, va nous permettre d'apprécier la prestation de chacun avec une préférence (en dehors de Madds), pour Nicolas Bro. Ils ont chacun leurs personnalités, mais ont en point commun un bec de lièvre. Il faut dire qu'ils vivent dans une demeure avec un taureau, des poules, des oies, bref de nombreux animaux de la ferme se baladant dans les couloirs, où attendant d'être soulager voir plus si affinités. Les trois frères reclus n'ont pas eu d'éducation, avec l'arrivée de deux nouveaux frères ayant eu la chance de faire des études (enfin surtout un), un nouveau monde s'ouvre à eux. Ce sang neuf au sein de cette fratrie recluse, sera-t'elle salvatrice ? Afin de le savoir, il suffit de se poser devant ce film en dehors des sentiers battus, même si l'affiche.....


Ce n'est pas un film incontournable, mais original et par les temps qui courent, on ne va pas faire la fine bouche.

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le 30 mai 2016

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2 j'aime

Laurent Doe

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