Voilà le retour des hommes en noir qui, après 10 années de repos forcé suite à un 2ème opus plus que passable, reprennent du service pour à nouveau réguler la population alien vivant secrètement parmi nous. On le sait la grande tendance du moment est de déterrer des sagas cultes qu'on croyait mortes ; Scream, Toy Story, Terminator, Alien, Die Hard... et j'en passe. Ça permet d'assurer des rentrées de billets verts sans trop se faire de nœuds au cerveau, ni prendre de risques majeurs (cf les échecs cuisants récents de prod « originales »). C'est parfois pour le meilleur et souvent pour le pire (« La vérité si je mens » en est un exemple frappant – on va croire que je m'acharne) tant il est dur de rempiler en respectant l'héritage d'une saga tout en mettant au goût du jour l'ensemble pour ne pas radoter ou paraître ringard. C'est donc souvent un one-shot, un retour unique en forme de hold-up qui repart sans laisser de suite(s).
Ici donc, on prend les mêmes (presque) et on recommence. Et on ne peut pas dire que le début du film nous convainc du bien fondé de cette suite ; on est content de revoir notre duo désormais légendaire, mais un faux rythme d'installe, les gags fonctionnent mal (certains sont mêmes douteux) et la direction artistique est discutable (grrr le vilain gonflage 3D qui oblige à user de courtes focales)... Bref l'alchimie ne fonctionne (presque) plus. Mine de rien 15 ans se sont passés depuis que nous avons fait connaissance de nos 2 lascars, et on sent que le fait de ne pas avoir fait tourner la machine depuis 10 ans a quelque peu enrayé le dispositif...
Puis vient LA bonne idée du film qui vient tout décrasser : par une entourloupe scénaristique, certes un peu facile, le film part dans un voyage dans le temps salutaire. Exit le duo dont on connait quasiment tout le fonctionnement et leur train-train ; J (Will Smith) va désormais bosser avec le jeune K (Josh Brolin, dont les mimiques à la Tommy Lee Jones sont bluffantes) pour sauver le monde de l'apocalypse. A partir de ce moment le film prend enfin une autre dimension (une vraie - pas comme cette 3D de m****), le monde fin 60's allant si bien à l'univers « pulp » de la saga ; les gags font enfin mouche (certains passages sont vraiment hilarants), tout est soigné dans les détails (nombreux, qui justifie presque un revisonnage) et l'arrivée de nouveaux personnage apporte la fraîcheur nécessaire au film. Le personnage de Griffin, personnage étrange et complexe, est sûrement la meilleur idée du film tant il apporte ce grain de folie et de poésie qui dynamite l'histoire. OK le déroulement s'avère parfois inutilement complexe tant le film tente de vouloir tout justifier (alors qu'on sait qu'un voyage dans le temps est - par sa nature - injustifiable). Mais quand tout prend sens dans un final haletant et soigné à quelques minutes du décollage d'Apollo 11, on savoure les détails d'un scénario astucieux et, sans qu'on s'y attende, émouvant.
Le fait de « changer » le duo initial était un pari risqué mais qui s'avère payant : le duo J / K gagne en relief et en intensité malgré leur séparation temporelle, le temps d'un film. C'est donc globalement une bien belle surprise malgré le cafouillage, qu'on oubliera, du début de film.