Metropolis par Kroakkroqgar

Monument cinématographique visionnaire, ‘Metropolis’ continue d’influencer par son imagerie les réalisateurs contemporains. Pour autant, on regrettera un propos éculé et réducteur.

En fait, le scénario de ‘Metropolis’ repose sur un concept qui a été largement exploité et usé depuis : la lutte entre une classe dirigeante et une classe opprimée, guidée par un élu. Non seulement, le scénario de ‘Metropolis’ n’est donc guère original, mais les ficelles scénaristiques sont évidentes : le coup de foudre réciproque entre Maria et Joh Frederson, la candeur altruiste de ce dernier, le sauvetage sans embarras des enfants. Si l’ensemble n’est pas tout à fait désagréable, on ne sera jamais vraiment emballé par le récit, d’autant que le muet impose un rythme lent.

En revanche, c’est dans sa vision de la société que le film est légèrement inquiétant. En dessinant un portrait crédule et sauvage des classes populaires face à un tyran à l’absence de scrupule exagérée, l’œuvre dessert son propos et tombe dans une caricature difficilement défendable. De même, le savant dérangé tombe des clichés très vite énervants, tandis que son être-machine ne semble pas avoir de réel intérêt dans la structure du récit.

Heureusement, ‘Metropolis’ repose avant tout sur sa réalisation à l’avant-gardisme tout à fait impressionnant. De la mise en scène impeccable aux effets spéciaux encore honnêtes, en passant par la bande-originale de qualité et bien rythmée, le film est une réussite technique indéniable. Mais c’est avant tout l’esthétisme du film qui a traversé les âges. La ville monstrueuse avec ses tours défiant la gravité, ses labyrinthes de routes, ses lumières folles et ses machines gargantuesques est toujours aussi imposante. Même sur la mise à scène de la pénibilité du travail ouvrier, ‘Metropolis’ écrase sans difficultés les séquences de travail à la chaîne dans ‘Modern Times’ de Charlie Chaplin.

En outre, le réalisateur fait preuve d’une créativité formidable sur quelques passages. En premier lieu, le parallèle entre la machine qui use ses ouvriers et les sacrifices incas est terriblement pertinent à l’écran. Dans le même esprit, la relecture du mythe de Babel est tout simplement géniale, autant dans le message que dans les images. Fritz Lang peut également compter sur le talent de son actrice principale, Brigitte Helm, qui offre une performance saisissante en androïde pécheresse, notamment pendant une danse hypnotique et délirante.

Un monument avant-gardiste, malgré son piètre récit.