Metropolitan est un film dans lequel j'ai eu un mal à fou à rentrer au début. Il faut dire que nous sommes directement embarqués dans un univers bourgeois new-yorkais et j'avais l'impression de me retrouver dès le départ dans une bête parodie d'un film de Woody Allen. Impression qui s'est heureusement effacée au fur et à mesure que "l'intrigue" avançait. J'utilise les parenthèses parce que justement, on ne peut pas dire qu'il y ait de réelle intrigue au sens classique du terme, le film étant une succession de scènes de discussions lors de soirées entre amis abordant des thèmes culturels, sociaux et politiques. Car si on pourrait croire au premier abord à un sous-Woody Allen, il n'en est rien, ce Metropolitan a clairement sa propre identité. Plus le film progresse et plus les caractères des personnages deviennent limpides. En ça, Metropolitan est typiquement le genre de films à personnages. On observe ces individus qui se réunissent presque tous les soirs pour parler de sujets complexes avec un langage à la fois sophistiqué et fantaisiste, à travers par exemple l'homme qui utilise des termes français à tire-larigot. Et c'est au fur et à mesure que le film avance que j'ai pu capter toute l'ironie des situations que Stillman nous expose.


Car ce groupe d'amis ne semble afficher qu'une amitié de façade. Ils se retrouvent souvent mais les antagonismes ne tardent jamais à pointer le bout de leurs nez. D'autant plus que leur aspect bourgeois s'avère être également un masque social. Sans la juger, Stillman se moque gentiment de cette petite bourgeoisie qui s'ennuie, qui se retrouve sans cesse alors qu'en fin de compte, ce petit groupe n'est pas aussi lié qu'il paraît. Les dialogues occupent une place très importante dans le récit, si j'ai pu me noyer de temps en temps dans tant de blabla, j'ai quand même trouvé que la qualité d'écriture était remarquable. Ne serait-ce qu'à travers le personnage de l'intello de service qui invente des termes à outrance et se perd dans de grandes explications, le personnage de Nick était aussi intéressant dans la mesure où on le voit comme un leader, où on le voit se sentir comme un leader alors que cette hiérarchie de pacotille est sans cesse contestée. J'ai bien aimé la progression du personnage de Tom, d'abord observateur, témoin puis finalement acteur de cette érosion qui touche l'unité de ce groupe. Dans l'écriture générale du film j'ai apprécié de trouver cette subtilité dans les relations entre personnages et aussi dans l'humour, car le film se révèle finalement drôle à travers les dialogues ou tout simplement l'évolution de ces relations. J'ai donc un avis positif sur le film, en dépit d'une longue mise en route et d'un film que je trouve quand même un tantinet trop bavard. J'ai vraiment apprécié crescendo ce film fin, original et bien rafraîchissant en fin de compte.

Moorhuhn
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le 18 juin 2013

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