Vingtième film de la série sortie l'année de l'anniversaire quarentenaire de l'adaptation du personnage au cinéma, Die Another Day tente le pari de ratisser large en mêlant action spectaculaire, scénario inspiré de la mythologie grecque, répliques cinglantes, politique internationale, image travaillée et esthétique, générique intégrant Bond lui même et chanson pop techno en début de film.



La glace qui reflète l'image de l'autre



Que cela donne t-il ? Du bon et du moins bon. Brosnan tout d'abord est en forme et semble posséder le rôle comme jamais, à l'opposé de sa co-star, Mme Berry, qui tente de suivre avec ses quatre grammes de talent (suffisants pour un Oscar apparemment …). Les adversaires de Bond ont plusieurs intérêts : Le Colonel Moon tout d'abord (référence au Colonel Sun du roman du même nom ?), à la fois reflet de OO7 lui même et incarnation de l'esprit délétère orientale qui, en se formant dans les plus grandes universités occidentales, devient … encore pire. On peut y voir aisément ici, la critique du système d'éducation occidentale, où quand on est passé par les plus grand professeurs on en sort tout de même (ou forcément ?) corrompu. Notre (anti) héros est mis en face de ses propres ambiguïtés, obligé de regarder dans son reflet doublement narcissique. Son adversaire est son miroir. L'Occident se reflète dans l'Orient et vice versa. Le personnage de Graves est admirablement joué par un acteur de théâtre peu connu du grand public et son homme de main Zao fait honneur à la série de "henchmen" incroyables de plusieurs film précédents. Au contraire de son fils, la vieille garde, le général Moon, est représenté comme ayant plus de pondération en gardant tout de même son honneur et sa poigne. On nous montre que les anciens ont une sagesse qu'on ne respecte plus que rarement, et apparemment pas suffisamment. Y aurait-il un parallèle à dresser avec notre réalité ?
Le scénario nous propose une nouvelle fois un Janus face à 007, comme dans Goldeneye, et fait ouvertement référence à un autre mythe, celui d'Icare, en nommant le satellite du film comme ce dernier, annonçant la chute irrémédiable du vilain qui se brûle les ailes. Ou plutôt qui doit faire face à la gravité.
Il y aurait beaucoup à dire que les différents jeux de miroirs du film et le thème du double. D'ailleurs une scène nous montre explicitement Bond au milieu des miroirs et de représentations de l'ADN humain. Perpétuellement le thème des êtres dualistes contre les êtres unifiés nous est présenté, presque comme un leitmotiv tiré des grandes traditions spirituelles.



Un film des références



Le reste du casting est toujours bien choisi. Judi Dench impeccable en M, John Cleese amusant en R, un Colin Salmon sobre et Michael Madsen dans le rôle de l'officier de la NSA peu subtil. La tradition de se moquer (tendrement?) des américains dans les James Bonds est donc respectée. Quant à l'autre rôle féminin, Rosamund Pike est la découverte du film, très convaincante dans son rôle.
Dans le moins bon, cela a déjà été dit il y les effets dits CGI. La séquence de surf sur la vague est assez laide mais sauvée par la musique de David Arnold.
La musique de Madonna est plus proche de la boîte de nuit que du film d'espionnage. Et son apparition bien qu'amusante, plutôt inutile.
Les connaisseurs apprécieront aussi les multiples clins d'œil aux autre film de la saga : les raisins d' Opération Tonnerre, le satellite des Diamants sont Eternels ou l'Hercule de Tuer n'est pas Jouer pour n'en citer que trois.
En conclusion : un opus bien meilleur que ce qu'on en a dit à posteriori. Il est à revoir pour comprendre ses subtilités. D'ailleurs le fameux critique Alexander Walker dit à la fin de sa critique élogieuse :"He who is tired of Bond, is tired of life." La critique en entier : http://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/article-148477/Die-Another-Day-Cert-12A.html. Il est vrai que ce film est hallucinant tant au niveau des décors, de ses personnages, de sa musique, de ses ramifications scénaristiques et des symboliques qu'elles comportent, de son rythme plutôt soutenue et de certaines scènes magistrales comme le combat à l'épée. Il en fait peut être trop, mais il est le Bond dont on se souvient si on le voit (avec un esprit) jeune et qu'on est alors sublimé. Dans la lignée de L'Espion qui m'Aimait en somme. Une apothéose pour le dernier film de Pierce Brosnan.

Fiuza
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le 21 févr. 2015

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Fiuza

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