Meurtre d'un bookmaker chinois par Maqroll
Un film de Cassavetes est toujours une œuvre d’art, ciselée et épurée, au contenu précis et implacable. Une fois encore, cet écorché vif et virtuose du septième art nous donne une étude passionnante des rapports humains dans le décor des boîtes de nuit, des jeux et de la pègre. Dans le rôle principal, celui d’un être à la fois grandiose et pathétique, Ben Gazzara est hallucinant, semblant se fondre avec son metteur en scène pour l’incarner au sens propre du terme. C’est un film noir, d’une noirceur de nuit et de sang, aux images terribles dans leur simplicité désespérée. Chaque plan est tellement étudié qu’il constitue une leçon de cinéma et l’utilisation de la musique est d’un réalisme exemplaire. Le récit, linéaire jusque dans ses ellipses, est conduit de main de maître à travers un scénario époustouflant, signé évidemment par Cassavetes, un des plus grands auteurs au sens noble du terme de l’histoire du cinéma. La psychologie des personnages est d’une justesse phénoménale, sans concession aucune. On sort de cette projection ébranlé par cette leçon de vie, d’amour, de violence et de cinéma.