Mia et le Lion Blanc, à l'évidence, est une entreprise louable et immédiatement sympathique, à la portée des plus jeunes grâce à son histoire d'amitié et à son lionceau facétieux en forme de grosse peluche fourrée adorable que l'on aimerait prendre dans ses bras en traversant l'écran.


Fruit de trois années de production pour que la complicité entre l'animal et l'héroïne ne soit pas seulement feinte, le dernier opus de Gilles De Maistre, réalisateur mais surtout documentariste touche à tout, a assez de coffre pour séduire son spectateur sur le long terme en dessinant une relation parfois émouvante et suffisamment forte, tout en tirant partie des décors chauds et sans limites d'une Afrique du Sud, au départ, de carte postale.


Le film a été bien sûr pensé à destination du jeune public, le plus à même de s'émerveiller devant la nature souveraine et la variété des animaux mis en scène, le plus à même de croire jusqu'au bout au rêve de la jeune Mia et de ses espoirs de protection. Mais au delà de cette histoire d'amitié, De Maistre dessine en creux le portrait d'un pays de plus en plus en proie à l'exploitation où la savane recule inexorablement devant les capitaux étrangers et la destruction programmée d'un patrimoine fragile. Tout comme il met en lumière l'hypocrisie des fermes d'élevage de lions, en réalité destinés à de piètres chasseurs avides d'exploits et de trophées obtenus par procuration.


Cet aspect nourrit la relation triangulaire entre Mia, son protégé et son père, qui fait ce qu'il peut pour faire tourner son exploitation. Mais lorsque l'adolescente réalise que la réalité se heurte à ses rêves de liberté, le film se lance, sans grande surprise, dans une odyssée en forme de fuite pour se persuader que le monde peut être changé.


L'occasion était donc trop belle, car Gilles De Maistre, même s'il livre un plutôt bel ouvrage, se perd quelque peu en route dans quelques longueurs, quelques clichés et surtout, dans un scénario sans aucune surprise et comme vissé sur des rails, où chaque articulation noueuse se devine bien longtemps à l'avance, tandis que le réalisateur n'est pas toujours aidé par son interprète principale.


Si Daniah De Villiers n'est pas insupportable, elle peine cependant, dans un premier temps, à insuffler suffisamment de sympathie pour convaincre à cette adolescente taciturne, capricieuse et effrontée. Au point que ce n'est que dans sa fuite que Mia, enfin, suscite la bienveillance du spectateur la suivant dans son aventure.


Au point que l'on retienne, au final, de l'amitié filmée par Gilles De Maistre, beaucoup plus cet animal majestueux, dont la couleur atypique irrigue les légendes immémoriales évoquées en guise de fil rouge dans un récit plutôt solide, plutôt agréable, mais cependant sans grande rugosité, sans grand éclat.


Pour aussi éveiller quelques consciences, entreprise nécessaire accomplie sans pour autant enthousiasmer, sans la flamme et la passion qui auraient pu être tirées d'un tel sujet.


Behind_the_Mask, lion (pas très) indomptable.

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le 30 déc. 2018

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