C’est rare de voir un film qui partage autant. Sur SensCritique, Miami vice a 5,6 de moyenne, mais c’est le grand écart entre les notes : certains détestent, d’autres parlent d’un chef-d’œuvre sous-estimé.
Ayant envie d’un polar moderne et nerveux, et ayant aimé d’autres réalisations de Michael Mann, j’ai testé.


Je n’avais déjà pas trop adhéré à la série originale, mais à mes yeux elle avait comme atout le charme des 80’s, dans une ville de débauche comme Miami. Je ne sais pas si c’est fidèle à la réalité, mais le film transpose sans problème cette ambiance dans un contexte contemporain. Drogue, putes, bagnoles de luxe, fringues coûteuses, et boîtes de nuit fréquentés par des canons et des belles gueules. Tout cet aspect clinquant d’autrefois ne jure pas trop le bling-bling d’aujourd’hui.
La différence majeure, c’est le choix de la musique ; au lieu de la pop sympa des 80’s, on a ici une BO rock qui semble avoir été sélectionnée par un ado (non pas que ça soit si mauvais, mais entendre Linkin park et ce type de groupe pendant tout le film, ça fait bizarre).


Le film ne prend pas la peine de présenter les personnages, on les voit directement dans l’action, à se fondre dans la masse dans une boîte de nuit pour faire tomber un proxénète.
Ambiance nocturne, corps qui se meuvent avec animalité sur la piste.
Les flics sous couverture se doivent d’imiter les criminels : paraître aussi friqués, aussi froids. Le visage figé, tourné vers le hors-champ… c’est à croire que les héros sont en permanence dans la pose.
Le problème, c’est qu’ils n’en décrochent jamais.
On suit Sonny et Ricardo d’une filature à une autre, sans qu’ils n’attestent à aucun moment d’humanité.
Entre deux opérations, l’un des personnages baise, très machinalement. A peine quelques mots échangés avec sa compagne. Puis ça repart bosser. Est-ce que Mann pensait que ça suffisait ?
Certes c’est un parti-pris, mais il n’y a pas de quoi s’attacher aux protagonistes. Sonny connaît une romance plus tard, mais qui m’a laissé complètement indifférent, car les personnages sont sans substance.
On se fout de leur sort.
Il n’y a même pas de quoi établir un rapport entre les deux flics ; ils sont censés être des partenaires soudés, mais on ne voit absolument rien de leur complicité, alors quand en milieu de film l’un des deux sort "I will never doubt you"… ça tombe comme un cheveu sur la soupe.
Ce ne sont pas des humains, ce sont des objets, deux super-flics multi-fonction, qui savent parfaitement piloter un hors-bord ou un avion.
Le jeu n’est pas du tout naturel non plus, surtout venant de Colin Farrell, qui semble essayer en permanence d’avoir l’air cool et coriace.
Et justement, en voulant aller dans ce sens, des scènes s’avèrent ridicules : Crockett qui dégoupille une grenade au bout de 2mn de négociations qui échouent… On se croirait dans une série B, mais Miami vice se prend malheureusement très au sérieux.


L’intrigue est vraiment insipide et commune, les deux flics s’associent à des trafiquants, et veulent remonter la piste jusqu’à leur boss. Leur identité est divulguée plus tard, et on menace la copine d’un des deux. Vraiment rien de nouveau.
Le point de départ de l’histoire ne sert à rien car il n’a aucun impact sur la suite : des agents sous couverture se font tuer, ce qui mène Sonny et Ricardo sur la piste de ces trafiquants, mais ça aurait très bien pu être une affaire comme une autre. On n’aborde nullement leur envie de représailles, le supérieur des agents décédés proteste à un moment contre la direction que veulent prendre les flics mais après une discussion de 2mn ils ont le feu vert pour faire ce qu’ils veulent…
C’est fade, le scénario manque sévèrement de complexité et de rebondissements ; en sachant que je regarde The shield en ce moment et qu’un seul épisode d’1h est autrement plus complexe, ça fait mal.


Même la réalisation n’a rien de bien excitant.
J’adore les ambiances nocturnes, visiblement Michael Mann aussi, mais j’ai été très déçu par la photographie de Miami vice : le grain est trop présent durant les séquences de nuit, et l’étalonnage fait presque amateur. On désature, on rajoute une légère teinte de bleu, de vert, ou d’orange… c’est discret mais moche quand même.
L’usage de la BO est risible, dès qu’il y a une scène de sexe, démarre automatiquement une chanson d’amour.
Les rares scènes d’action sont trop découpées, qu’il s’agisse de traverser une foule ou tabasser quelqu’un c’est loin d’être limpide. Je me souviens pas bien de Heat, mais tout le monde dit du bien de la séquence de fusillade… ici, autre déception avec la fusillade de fin, où c’est le néant en terme de gestion de l’espace, on a pratiquement qu’une série de plans où des gens tirent hors-champ. On pourrait mettre les plans dans le désordre et ça ne changerait rien.
Ce qui fait que je me suis ennuyé pendant tout le film, y compris pendant les séquences d’action.
Et ça dure 2h19 en plus !

Fry3000
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le 10 nov. 2016

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Wykydtron IV

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