Je crois que je viens de voir le film le plus attristant de cette année. Et si j’utilise ce terme – attristant – c’est parce que j’ai l’impression que ce mec, Arnaud des Pallières, a fait tous les efforts pour rendre son film austère et vide. Alors attention, on peut faire des films magnifiques sur des univers austères, mais là c’est bien la réalisation qui est austère et qui rend toute chose qui aurait pu être magnifique incroyablement atroce à supporter. Le simple premier plan annonce clairement la couleur... Enfin, la couleur... S’il y avait eu de la lumière avec, ça n’aurait pas fait de mal. La photographie est si sombre (a-t-on dit à ces mecs que « photos » en grec, ça voulait dire « lumière » ?) qu’on croirait voir un film tourné avec des vieilles caméras soviétiques des années 1930. A cela s’ensuit tout de suite une scène qui ne laisse aucune ambiguïté possible : champs-contrechamps interminables, musique à base de deux trois sons basiques graves et dissonants et surtout – suspense – des dialogues cultes joués sur le plus merveilleux ton monocorde qui soit ! « Pour passer, faut un permis. – Je n’ai pas de permis. – Tu ne peux pas passer. – Il n’y avait pas de barrière la dernière fois. – C’est un péage ordonné par la princesse. – Je n’ai pas de permis. – Donne un de tes chevaux alors. – Pas possible je dois les vendre. – Alors tu ne passeras pas... A moins que tu donnes un cheval… » ...et j’arrête là parce qu’on y repart un deuxième tour... Ce film est juste une CARICATURE du cinéma d’auteur à la française. Son but n’est pas de transporter, de raconter, de créer. Non. Il s’agit juste d’être obscur et nihiliste, tout ça pour se donner un genre. Ça va des dialogues secs ou ampoulés, aux vieilles situations glauques surfaites, et surtout en passant par une écriture digne d’un théâtre pour dépressifs. Ça ne tente rien, ça ne fait rien, ça gâche tout, Madds Mikkelsen en premier. Et voilà... Franchement, gaspiller un Madds Mikkelsen en le faisant bredouiller quelques mots en français histoire de justifier le truc (...qui n’est d’ailleurs pas justifié... Qu’est-ce que fout un Danois là dans un monde qui à l’époque est xénophobe jusqu'au village voisin ? Mystère...), c’est dire si finalement ce film se l’ait finalement joué par-dessus la jambe...