A cheval (sur les principes).
S'il se déroule au seizième siècle dans les Cévennes, le nouveau film d'Arnaud des Pallières joue habilement de la dimension contemporaine par la question sociale qu'il aborde, les rapports humains et également les dialogues. C'est une sorte de western médiéval où un marchand prospère de chevaux à la suite d'une injustice commise à son encontre par un baron local, ne pouvant obtenir que son affaire relève de la justice, met sur pied une armée et part en guerre pour rétablir ses droits bafoués. La bataille; certes sanglante et violente puisque les combats s'y déroulent frontalement, n'est pourtant pas ici propice à des plans emphatiques, comme les super productions en raffolent. Le traitement y est en effet beaucoup plus minimaliste et n'ambitionne pas de procéder à une fresque flamboyante. Ici, nous sommes davantage à hauteur d'hommes, et même d'enfant puisque la fille du marchand détient une part importante dans le scénario. Les paysages montagneux au climat difficile, parfois hostile, délimitent parfaitement le cadre austère, mystérieux et grandiose d'une histoire de principes et d'honneur, à l'image du visage altier et hiératique du comédien Mads Mikkelsen, qui trouve là son plus grand rôle. Venu du Nord, ce que souligne son accent, il incarne dans son rigorisme le protestantisme qui l'oppose à la France catholique et se montre déterminé à aller jusqu'au bout pour le respect et le rétablissement de ses droits.
Souffrant peut-être de quelques redondances, le film affiche et assume une belle ambition dans une mise en scène impeccable où la caméra est tour à tour vive, saccadée ou contemplative. Film sensoriel et minéral qui travaille la matière, ce que renforce le remarquable travail accompli sur la bande-son qui déploie une riche gamme de sonorités distillant étrangeté et mystère, sans qu'elles soient automatiquement associables au registre de la guerre, reconnaissons lui le mérite de se démarquer du tout-venant de la production qu'on nous inflige la plupart du temps.