Propagande d'un Mooriste

Boarf, c'est pas top.

Michael Moore n'est pas quelqu'un de très drôle. Enfin, paraît que son premier film "Roger and me" est marrant, mais je l'ai pas encore vu. En tous cas, ici c'est mauvais. Il s'essaie à l'exercice du one man show mais il n'arrive pas à faire une bonne blague. Le seul moment vraiment drôle, c'est quand un spectateur dit qu'il aime "Hilary's adds" et que Moore rétorque "Hillary's ass ?" mais on sent qu'un autre comédien, un vrai, l'aurait formulé de manière beaucoup plus drôle.

Ceci étant dit, ce genre de discours plus direct, plus propagandiste, convient peut-être mieux au style de Moore ; vu qu'il est devant une audience, à parler comme un gourou, ses exagérations, ses inexactitudes, son point de vue purement subjectif qu'il fait passer pour de l'objectivité passe plus naturellement. Pas besoin qu'il se justifie avec des chiffres ou que sais-je. C'est juste un type qui parle.

Sur le fond, j'ai pu constater qu'il ressort toujours les mêmes idées ; je me souviens avoir vu une interview de lui lorsqu'il était encore boutonneux mais déjà engagé, pas encore connu, en train de se faire ridiculiser à cause de son point de vue sur les femmes : pour lui, ce sont des anges, elles ne commettent aucun crime, ce sont les hommes qui foutent la planète en l'air, on donnerait le pouvoir aux femmes, tout irait mieux. À l'époque, il n'avait pas son public, il fut donc très facile pour ses opposants de le démonter... aujourd'hui c'est différent, surtout à l'ère des glorieux SJW, on voit donc des tas de femmes hocher quand il dit que les femmes sont fondamentalement bonnes (sans jeu de mot hélas). Et je ne sais pas ce qui est plus pathétique : ce type, que j'imagine célibataire et puceau en train de se branler la nouille chez lui qui affirme de telles choses ou bien les femmes qui n'ont pas peur de se dire meilleures que les hommes (ou l'inverse, que les hommes leur sont inférieures). M'enfin c'est une question d'opinion ici, donc je ne tiens pas compte de cela dans ma notation.

Le problème avec ce 'récit', donc, c'est que les effets voulus par Moore ne prennent pas : le côté grave est ennuyant, le côté drôle est ennuyant, le côté dramatique est ennuyant. Je me serais senti mal à l'aise dans ce public si j'avais assisté à cette représentation.

Au niveau de la construction de l'argumentation, on peut dire que Moore fait ça bien ; il manipule ses spectateurs intelligemment, il décompose son texte en plusieurs parties qui se suivent avec une certaine logique. S'il n'avait pas des arguments parfois si peu construits (le genre à faire hocher la tête de quelqu'un déjà acquis à sa cause), ça pourrait être un bon speach (sur le côté théorique).

Niveau mise en scène, ce n'est pas hyper intéressant. En même temps c'est du stand up... mais vu qu'il y a intervention de vidéos, je m'attendais quand même à quelque chose de plus ludique, de plus amusant, de plus original. Là c'est très peu recherché. Les vidéos sont longues, les photos choisies rarement amusantes. Le pire, c'est le montage : aller chercher des têtes de gens consternés pour en faire les méchants quand Moore dit quelque chose qui fait rire le reste de la salle, ou encore des gens aux yeux humides (c'est même peut-être pas des larmes) quand Moore dit quelque chose de dramatique... pour une fiction ça me paraîtrait bien pensé, et même pour un docu, dans le fond, c'est efficace, ça dit au spectateur quoi penser, ça permet de soumettre des idées visuellement... mais j'ai trouvé ça très manichéen ; dans le fond ça révèle le vrai discours : il fait comme si on pouvait haïr Clinton, mais sa vraie cible, ce sont ceux qui supportent Trump : ceux-là il les diabolise. Je pense même qu'on peut parler d'incitation à la haine : qui n'a pas envie de traiter de 'pauvre cloche' celui qui ne s'unit pas au public en faveur à Moore ? C'est ça aussi la propagande.

Bref, c'est pas très intéressant en tant que stand up. On apprend quand même quelques petites choses et la structure de l'argumentaire est efficace. Dommage que le contenu ne soit pas très élaboré et que la mise en scène ne soit pas plus poussée.