Certes, la photo est belle, oui, les éclairages sont soignés...oui encore, le comédien ressemble au portrait connu de Michel Ange..Incontestablement, l'evocation de la Toscane en ce début de Renaissance ne laisse au hasard aucune guenille, aucune gourme, aucune crasse épaisse qui recouvre les lieux et les gens (y compris le Maitre lui-meme, toujours sale à vomir) ..C'en est meme un peu "too much" et presque complaisant.
Ce qui parait être le propos du réalisateur, c'est de casser l'image supposée trop belle de l'Artiste de génie. Sous-titre permanent :Attention l’œuvre est grande, mais l'homme est petit". On est loin de l'hagiographie ! Ce Michel Ange , ment, se saoule, voit des démons et des diables partout..L'oeil hagard et la barbe sale, il trahit ses amis, s'incline devant les puissants, méprise ses congénères et compte ses sous avec une cupidité peu enthousiasmante. On n'a pas vraiment envie de le renconterer.Seule, la Matière noble et rare, le marbre ( il peccato) l'interesse. Cela nous vaut d'ailleurs les séquences les plus interessantes du film : l'extraction et le transport (à prix de mort d'homme) de ce monstre de pierre qui ne parviendra jamais à destination et ne sera pas sculpté.
Le grand dommage de ce film -et ce, même si c'est revendiqué- est de ne jamais montrer le peintre ni le sculpteur en corps à corps avec sa création...On montre les commanditaires, les artisans des carrières et, à titre de generique presque, une promenade visuelle sur quelques oeuvres majeures. Mais Michel Angelo pinceaux ou burin à la main ? Point. C'est très frustrant.
J'ai lu maintes explications et justifications "politiques" ou esthétiques à ces choix. Aucune ne m'a satisfaite. S'il me faut réécrire le scenario et émettre des hypothèses sur les propos du réalisateur...C'est que l’œuvre a plus d'opacités que d'évidences et cela la transforme en exercice de style un peu vain. Je suis restée sur ma faim d'ogre que la perspective de l’évocation de ce géant avait suscitée.