Arthur Penn était un réalisateur très intéressant, à la fois influencé par la présidence Kennedy et par la Nouvelle Vague.
Ce film-là porte les traces d'une sensibilité européenne, on remarque d'ailleurs que le directeur de la photo était Ghislain Cloquet, connu pour avoir travaillé avec Claude Sautet ou Alain Resnais.
Cette lumière est d'ailleurs très sombre, comme pour (tenter d') emprisonner Mickey One, très bien joué par Warren Beatty.

Le film traite avant tout de la paranoïa ; un homme doit fuir les mafieux à qui il a demandé de l'argent et n'arrive pas à rembourser. Mais le plus souvent, cette menace se fait de manière métaphorique, avec un énorme projecteur qui lui est planté dessus ou les hasards, comme cette superbe séquence où Mickey, en fuite à Chicago, atterrit dans une casse et pense que tout peut lui arriver.
On est constamment dans cette méfiance permanente, où l'on peut voir aussi une parabole sur le Maccarthysme, avec la tristement célèbre chasse aux communistes, qui n'était pas si lointaine à l'époque du film.

Avec tout cela, il y a de quoi s'enthousiasmer, mais je regrette que le scénario soit si embrumé ; il y a de quoi se perdre à plusieurs reprises ! Le personnage féminin, incarné par Alexandra Stewart, est lui totalement sacrifié au profit de Warren Beatty, que l'on doit voir à 90% du temps. Étant donné que le film est coproduit par ce dernier, doit-on y voir du narcissisme ?
Il y a aussi un personnage très intéressant, mais qui est lui aussi négligé, c'est le japonais, incarné par Kamatari Fujiwara (un habitué de chez Akira Kurosawa), dont on ne comprend guère sa présence.

Sous influences la Nouvelle Vague, et de Godard en particulier, Arthur Penn lui pique l'idée de couper dans les plans pour donner du rythme à l'image, un peu comme ce qu'il fera aussi dans Bonnie & Clyde, mais sans la virtuosité.
Pourtant, malgré ma déception, je ne m'y suis pas tellement ennuyé, car c'est un film très rare, et qui n'est pas sans une certaine ambition formelle, et la volonté forte de Warren Beatty de ne pas être catalogué comme le beau gosse de service.
Boubakar
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le 16 févr. 2014

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